Nouvel entrant sur le marché des communications mobiles, le trublion des télécoms a bouleversé l’économie des télécoms en divulguant au mois de janvier des tarifs révolutionnaires.


Article publié le 12 janvier 2012 sous le titre Free déclenche un big bang des tarifs mobile

Xavier Niel avait invité les consommateurs à donner une leçon à leur opérateur en le quittant ou en l’invitant à baisser ses tarifs. Il semble que ces derniers aient bien reçu le message. Deux jours après l’annonce des offres de Free Mobile, plusieurs opérateurs viennent de revoir leur tarif à la baisse. Et pas qu’un peu. 
Premier à dégainer, Virgin Mobile a dévoilé mercredi à ses abonnés deux forfaits : l’un  à 9,90 euros par mois, comprenant 4 heures d’appels et 3 Go de données, et l’autre illimité à 19,99 € par mois.


Chez Orange, on n’a pas non plus tardé à réagir. L’opérateur a annoncé ce jour trois forfaits Sosh (sa marque low cost) compris entre à 9,90 € et 24,90 € par mois. Le premier comprend 2h d’appels et les SMS illimités, le troisième étant l’équivalent du tout illimité de Free à 19,99 € par mois. À noter que ce forfait était jusqu’ici proposé à 39,90 € par mois.

SFR s’est aligné en annonçant la disponibilité la semaine prochaine de plusieurs trois offres Red, dont un forfait à 9,90 € par mois comprenant 2h00 d’appels et les SSM illimités (un tarif qui devient donc la norme) ainsi qu’un forfait tout compris à 24,90 € par mois.

Même Bouygues, resté silencieux jusqu’à présent, a laissé entendre qu’il présenterait lui aussi de nouvelles offres la semaine prochaine. Quant au MVNO Zero Forfait, il vient d’oser le tout illimité à 18,90 € par mois, battant (en apparence) Free sur son propre terrain.

Mais, à priori, aucune de ces offres n’égale tout à fait celles de Free. Certes, les forfaits Free ne sont pas exempts de pièges et de défauts. Les appels prétendument illimités vers 40 destinations internationales ne le sont que vers les téléphones fixes, l’Internet est facturé plein pot sur le forfait à 2 €, les appels depuis l’étranger ne sont pas du tout aussi intéressants que la présentation de Xaviel Niel le laissait supposer, les utilisateurs de blackberry devront payer un surcoût d’1 €/mois…

Et il demeure encore beaucoup de questions en suspens. Notamment quel sera le débit effectif de l’Internet mobile, sachant que l’opérateur dépend pour 70% de sa couverture d’Orange ? Dans quelle mesure son service clients sera capable de monter en charge ? Que se passera-t-il lorsque les trois millions de clients seront atteint ? Niel a affirmé qu’il s’agissait d’une sécurité permettant de valider le modèle… Est-ce à dire que le modèle n’est pas validé ?

Ce n’est en tout cas pas l’avis de cet analyste de la banque Oddo qui explique dans une note citée par Les Echos que « les offres de Free Mobile sont construites de telle sorte qu’elles ne puissent pas être suivies par la concurrence, tout en restant rentables ». Ainsi, malgré tous leurs efforts, les opérateurs historiques auront du mal à rivaliser avec la structure de coûts de Free Mobile qui, en arrivant dix ans après les autres et grâce à toute une série d’astuces (licence réseau négociée, infrastructure tout IP, débordement sur les hotspots Wifi…), profite de coûts d’accès au marché largement inférieurs à ceux de ses concurrents.


Selon l’Arcep les prix dans le mobile ont baissé de 3,4% en 2010 contre 2,9% en moyenne entre 2006 et 2010. Une amélioration liée à « la généralisation des offres d’abondance à l’ensemble des forfaits ». Gageons que cette baisse devrait s’accélérer en 2012. La problématique qui se pose désormais pour les opérateurs est de préserver leur rentabilité.

En complément sur Channelnews :

Difficile de dresser une liste exhaustive des conséquences de l’arrivée de Free sur le marché des mobiles. On retiendra toutefois que la divulgation de ses tarifs a déclenché une vague de résiliation massive au détriment des opérateurs en place. Lire à ce propos : Les « trois grands » déstabilisés par Free et Orange confirme avoir laissé filer 400.000 abonnés chez Free, Bouygues et SFR bousculés par Free

Rapidement aussi les syndicats prennent la parole pour faire part de leurs craintes sur l’emploi Free Mobile : la CFE-CGC & UNSA dénonce une stratégie du coucouEffet Free : plus de 5.000 emplois seraient menacés dans les centres d’appels. Ils ne tardent pas à demander l’arbitrage des tribunaux : Les syndicats portent plainte contre Free Mobile

Axe d’attaque commun de tous les adversaires de Free : l’opérateur n’aurait pas respecté ses obligations de couverture : Free Mobile : la polémique enfle autour du réseau

De fait, Free a du mal à répondre à l’afflux des souscriptions, saturant l’infrastructure de son partenaire Orange Le succès de Free Mobile menace de paralyser le réseau d’Orange

Mais au-delà de la polémique, l’entrée de Free sur le marché se traduit effectivement par une réorganisation en profondeur de l’économie des télécoms mobiles. Les factures baissent mais les ventes de forfaits aussi. En septembre, Free Mobile est crédité de 5,4% du marché français de la mobilité.

Mais les plus impactés sont finalement les réseaux de distribution et dans une moindre mesure les salariés des opérateurs historiques. Dès le départ des questions se posent sur les conséquences pour les revendeurs (Free Mobile : vers une hécatombe parmi les revendeurs de téléphonie mobile ? ). Rapidement, les craintes s’avèrent fondées. Premiers touchés : les indépendants (Suppressions d’emplois dans les télécoms : le réseau de distribution déjà impacté et Les revendeurs de téléphonie mobile happés par le rouleau compresseur Free). Mais les grands réseaux ne tardent pas à être eux aussi rattrapés : The Phone House va fermer 79 magasins en France SFR supprime 856 emplois et France Télécom va fermer 150 boutiques.