Dans un récent rapport, l’Uptime Institute s’intéresse au ralentissement qui touche les géants du cloud après avoir connu des années de croissance sans précédent. Celle du leader du secteur AWS s’est établie tous les ans entre 30% et 40% depuis qu’il a commencé à communiquer ses résultats en 2014. Mais sur les derniers trimestres, il enregistre la croissance la plus faible de son histoire : 27,5% au T3 2022 après 33% au T2. Après une croissance décevante de 35% au cours du trimestre se terminant en septembre 2022, le directeur financier de Microsoft a également déclaré s’attendre à ce qu’Azure voit sa croissance diminuer sur le trimestre suivant.

Face à l’environnement macroéconomique, les entreprises se montrent en effet plus prudentes dans leurs dépenses, y compris pour leurs projets cloud. Et à défaut de remettre en cause les projets existants, elles cherchent et trouvent les moyens d’optimiser leurs coûts, en éliminant le gaspillage et en optimisant l’approvisionnement en ressources. Du reste note l’institut, « les fournisseurs de cloud Hyperscaler, qui sont plus intéressés par l’établissement de relations à long terme que par l’obtention de marges brutes plus élevées à court terme, offrent des outils pour aider les utilisateurs à réduire leurs dépenses. »

C’est dans une même logique de fidélisation que les hyperscalers devraient se montrer raisonnables dans l’évolution de leur grille tarifaire. « Des hausses de prix nuiraient à la confiance des clients qu’ils ont passé si longtemps à cultiver », souligne Owen Rogers, directeur de recherche Cloud Computing chez Uptime Institute. Cette modération, dans un contexte de hausse des coûts de l’énergie, a un impact sur les marges, à l’instar de celles d’AWS dont la marge brute s’est établie à 26% au T3 2022, en baisse de 3% par rapport au T2.

A l’avenir, la prudence dans les dépenses des entreprises devrait continuer de limiter la croissance des fournisseurs cloud. Sans qu’il ne soit nécessaire de noircir le tableau. « Bien que l’époque des hausses de revenus de 40% soit révolue, il est peu probable que ce récent ralentissement marque le début d’une spirale descendante rapide », pense l’institut, pour qui le ralentissement récent tend plutôt à prouver que le modèle cloud tient sa promesse d’évolutivité et d’adaptabilité aux besoins des modèles commerciaux.

Les fournisseurs ont par ailleurs de belles marges de progression en poursuivant leur développement à l’échelle mondiale et en créant de nouveaux produits et services. Ils doivent aussi continuer d’augmenter leurs capacités pour maintenir l’idée que le cloud offre des ressources « illimitées ». « Réduire les investissements maintenant pourrait mettre en péril la rentabilité future », souligne l’institut, qui voit dans les 13 000 postes à pourvoir chez AWS un signe d’une croissance future forte.