Une étude LanSweeper laisse entendre que le déploiement de Windows 11 stagne et n’aurait même pas dépassé les parts de marché résiduelles de Windows XP, six mois après sa sortie. De quoi agiter la toile… Mais ce n’est pas nécessairement le reflet de la réalité.

Semaine difficile pour Windows et pour Microsoft. Outre de nouvelles failles et attaques médiatisées, une étude vient semer le trouble sur l’adoption de Windows 11 alors que Microsoft affirmait en mars que « l’adoption de Windows 11 est actuellement deux fois plus rapide que celle de Windows 10 en son temps ».

D’abord le groupe de hackers étatiques Hafnium – qui avait déjà ciblé violemment les serveurs Exchange l’an dernier paralysant les messageries de grandes organisations – s’en prend cette fois avec un nouveau ransomware dénommé Tarrask qui sait échapper aux défenses de Windows en exploitant une faille Zero-Day dans le planificateur de tâches de Windows.

Ensuite, d’autres Hackers ont lancé sur Internet et sur les messageries une fausse campagne de mise à jour vers Windows. Celle-ci conduit à une page de mise à jour factice qui invite à télécharger un outil de mise à jour qui est un malware de vol de données personnelles.

Enfin, les mises à jour vers Windows 11 – même si le sujet intéresse les cybercriminels comme on vient de le voir – semblent avoir déjà atteint un palier. Ralenti par les traditionnelles hésitations des utilisateurs et la crainte du changement, mais aussi freiné par certains « manques » de Windows 11 sur Windows 10 (notamment en matière de personnalisation de la barre des tâches) et surtout handicapé par les restrictions matérielles qui le rendent incompatible avec une part importante de parc installé, le déploiement de Windows 11 semble stagner.

D’autant qu’une étude de Lansweeper (une entreprise justement spécialisée dans les services de migration) est venue jeter le trouble. Celle-ci attribue 80% de parts de marché à Windows 10, 5% à Windows 7, 1.71% à Windows XP et seulement 1,44% à Windows 11…

De quoi en conclure que Windows XP est plus populaire que Windows 11 ? Oups, pas si vite…

D’abord, le résultat de Windows XP est à prendre avec beaucoup de pincettes. N’oublions pas que certaines anciennes appliances (caisses enregistreuses, écrans d’annonces, écrans publicitaires, machines outils, …) toujours en activité continuent d’être animées par Windows XP, mais ne constituent pas à proprement parler un parc de PC « Windows » susceptible d’accueillir Windows 11.

Ensuite, ces statistiques de Lansweeper sont basées sur un parc essentiellement professionnel, et les entreprises n’ont pas commencé leur migration Windows 11. À bien y regarder, l’étude de Lansweeper ne porte que sur 30 millions de PC ce qui ne représente qu’une infime partie des 1,2 milliard d’ordinateurs sous Windows. Et même dans cette étude qui prête à controverse, on découvre que les parts de marché « grand public » de Windows 11 approchent les 2,3%, soit le double des parts du marché « pro ».
Autrement dit, le discours de Lansweeper est quelque peu orienté pour servir leur propre business, c’est de bonne guerre.

Au final, dans ce genre de statistiques, tout dépend du marché que l’on regarde et donc que l’on analyse.

D’autres études tendent ainsi à montrer par exemple que les parts de marché de Windows 11 semblent en réalité bien supérieures. Statcounter – qui mesure l’audience du Web – annonce 8,57% de parts de marché pour Windows 11 (contre 0,44% pour Windows XP). C’est une mesure qui porte sur des centaines de millions de machines et qui semble plus proche de la réalité.

Autre source, AdDuplex qui diffuse les publicités sur les applications Windows annonçait en janvier dernier mesurer à 16,1% les parts de marché de Windows 11.

De son côté, Steam l’évalue à 16,8% mais son spectre d’utilisateurs est bien évidemment très focalisé sur les gamers et les machines de gaming.

Certes, après 6 mois de déploiement, ces parts de marché de Windows 11 paraissent encore faibles, preuve que Microsoft a encore beaucoup de travail non seulement pour aider les entreprises à basculer mais aussi convaincre les utilisateurs que le jeu de la migration en vaut la chandelle. D’ailleurs, l’étude Lansweeper révèle de façon bien plus réaliste et parlante que seulement 44% des 30 millions de PC installés dans les 60 000 entreprises qu’elle surveille sont susceptibles de basculer sur Windows 11.

Alors, oui Windows 11 se déploie plus lentement que la communication marketing de Microsoft ne le laisse entendre.

D’un autre côté, si on reprend les statistiques de Steam par exemple, les parts de marché « Gamers » de Windows 11 sont déjà supérieures à celles de macOS et Linux combinées !

Dit autrement, on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres… Et non, Windows XP n’est pas plus populaire que Windows 11….