En novembre dernier, le syndicat CFE-CGC d’Orange écrivait aux administrateurs de l’opérateur pour leur proposer d’acquérir Atos afin de renforcer Orange Business Services et d’achever sa transformation. « Orange & Atos deviendraient ainsi le leader de la cybersécurité en Europe (sur un marché actuellement très fragmenté), mais aussi un acteur de poids face aux GAFAM sur le Cloud. Ensemble, ils seraient aussi en mesure d’investir significativement dans la R&D technologique », expliquait le syndicat en rappelant que plusieurs dirigeants d’Atos venaient d’Orange, à commencer par son directeur général Elie Girard. Il préconisait d’utiliser pour cette acquisition les 2,2 milliards d’euros récupérés par l’opérateur dans le cadre d’un litige avec l’Etat. La direction d’Orange déclinait rapidement la proposition, indiquant que cette somme serait utilisée de manière juste et équilibrée « au bénéfice du développement de l’entreprise, de ses salariés et de ses actionnaires ».
Six mois après, le syndicat fait une nouvelle suggestion à Orange : acquérir cette fois OVHcloud « dans l’optique de développer les activités d’Orange Business Services dans le cloud autour de solutions respectant les règles européennes en matière de sécurité des données, et de faire émerger plus fortement une offre « souveraine » ».
Rappelant dans une longue lettre adressée au conseil d’administration que l’incendie du site strasbourgeois d’OVHcloud a mis en attente un projet d’introduction en bourse du fournisseur de services cloud, il estime que ce dernier occupant « une position incontournable en Europe » doit investir pour maintenir et développer sa position. « Il est donc probable qu’une introduction en bourse ou une recherche d’investisseurs reviendra prochainement à l’ordre du jour », écrivent les auteurs de la lettre qui voient dans une acquisition « une opportunité pour Orange de resserrer ses liens avec un acteur clef pour le développement d’offres de cloud garantissant le respect des règles européennes en matière de sécurité des données, » et qui permettrait au groupe de consolider ses offres.
Le syndicat, qui ne donne aucune précision concernant l’origine – ni la portée – des fonds nécessaires à une telle opération, explique que cet « acteur clef du consortium Gaia-X » et partenaire d’Orange Business Services, permet déjà à la filiale de proposer « des offres cloud compétitives, plus performantes que celles d’Orange seul, et presque aussi qualitatives que celles du leader mondial Amazon Web Services (AWS), pour un tarif plus attractif », ainsi que des hébergements en Europe. « Resserrer les liens entre nos deux entreprises pourrait efficacement contribuer à la croissance d’OBS, tant pour réduire les coûts par la mutualisation des infrastructures que pour fidéliser les talents dans une industrie où la concurrence est féroce », ajoute encore la lettre qui rappelle que le CEO d’OVHcloud Michel Paulin a travaillé dans le groupe Orange et que Thierry Souche, le nouveau Chief Technology Officer d’OVHcloud, a passé 26 ans chez l’opérateur, notamment en tant que patron des Orange Labs. « Ce sont des atouts supplémentaires pour une collaboration réussie entre les deux entreprises. », estime la CFE-CGC.
« C’est pourquoi nous vous proposons d’étudier l’opportunité qu’Orange participe de manière significative au renforcement du capital d’OVHcloud, de rapprocher les deux activités de cloud pour simplifier et améliorer l’offre de cloud proposée à nos clients Orange Business Services », conclut le document.
Pas sûr qu’Orange daigne cette fois prendre en compte la proposition, laquelle ne manque toutefois pas de sens.