Croissance 2019, transformation de l’entreprise vers les services managés, impact de la crise sanitaire, scénario de reprise… Julien Neyrial, directeur général de la société de distribution et de services auvergnate Neyrial Informatique, évoque les enjeux pour sa société à l’heure du Covid-19.

Channelnews : Sur quelle dynamique d’activité se trouvait Neyrial Informatique avant la crise ?

Julien Neyrial : Fin septembre, nous avons bouclé un bel exercice 2019 : le chiffre d’affaires était en progression de 20% à 6,2 M€. Parmi nos motifs de de satisfaction : notre transformation vers le modèle MSP s’est poursuivi. Les services managés, représentent désormais 25% de l’activité (en progression de 30% sur un an). Cerise sur le gâteau, la rentabilité était au rendez-vous : nous avons sorti 200 K€ de résultat net sur l’exercice, quasiment le double de l’année précédente. Un surcroît de rentabilité que l’on doit avant tout aux services managés. Sur les cinq premiers mois de l’exercice 2020, nous restions sur une très bonne tendance avec une croissance supérieure à 10%.

Channelnews : Pouvez-vous illustrer par des initiatives récentes la façon dont vous conduisez cette transformation vers le modèle MSP ?

Julien Neyrial : Cette évolution vers les services managés s’est traduite par la création d’un centre de services constitué de dix personnes dédiées, soit le quart de notre effectif total. Nous avons positionné ce centre de services à la fois au centre de nos locaux, en rognant sur la partie atelier, et au centre de notre organisation interne. Jusque-là nous n’avions pas de personnes dédiées aux services managés. Nous avons affecté cinq collaborateurs à plein temps sur ce centre et nous avons complété l’équipe en réalisant cinq recrutements supplémentaires.

Toujours dans le cadre de cette transformation, on s’est lancé il y a un an sur la certification ISO 27001 ainsi que sur la certification hébergeur de données de santé (HDS) pour les champs d’application hébergement IaaS et infogérance. Ce sont des investissements lourds et onéreux pour une PME comme Neyrial. Cela implique d’écrire des procédures, de contrôler la qualité, de disposer d’outils de traçabilité, d’élaborer un plan de reprise d’activité… Mais cela va nous permettre de nous positionner sur des marchés plus exigeants et surtout plus importants. Cela représente un levier de croissance pour l’avenir.

Channelnews : Quand pensez-vous achever ce processus de certification ?

Julien Neyrial : On espère être certifié en septembre.

Channelnews : L’activité de Neyrial Informatique est-elle affectée par les mesures de confinement ?

Julien Neyrial : Oui. Le ralentissement a été brutal sur les activités de déploiement et de délégation qui sont aujourd’hui quasiment à l’arrêt. Le téléphone ne sonne plus pour les chargés d’affaires. En revanche, les équipes du centre de services sont plus sollicitées qu’en temps normal. Mais la nature de leur travail a changé. Elles reçoivent encore quelques sollicitations pour la mise en place d’accès sécurisés aux serveurs dans le cadre de la mise en œuvre du télétravail. Mais surtout, elles assistent les utilisateurs finaux des clients. Ce qu’elles ne font pas en temps normal car il n’y a pas de valeur ajoutée. Nos interlocuteurs habituels sont les directions informatiques. Mais celles-ci sont débordées. Du coup, on répond à tout et on verra après. On veut être là pour les besoins du moment.

Channelnews : Vous êtes également administrateur du Groupe Séquence. À ce titre, vous avez des contacts réguliers avec vos homologues du groupement. Dans quelle mesure sont-ils impactés par le confinement ?

Julien Neyrial : Il y a toutes les situations. Certains ont quasiment cessé toute activité, d’autres sont restés à 100% mobilisés. La majorité tourne à 30-50% de leur capacité. Ils assurent le support et les urgences.

Channelnews : Avez-vous pris (ou prévu de prendre) des mesures de chômage partiel ?

Julien Neyrial : La première semaine, j’avais mis les trois quarts de l’effectif au chômage partiel. Mais on a reçu des messages de la préfecture nous appelant à remettre nos collaborateurs au travail. Au début, j’y étais hostile mais finalement j’ai rappelé certains collaborateurs, notamment les encadrants.

Channelnews : Pourquoi ?

Julien Neyrial : Si tout le monde arrête de travailler, ce sera le chaos. Il faut avoir confiance en la reprise. Les choix que l’on fait maintenant permettront de repartir. Il ne faut pas rester sur une vision financière à court terme en fermant tout pendant deux mois. On va plutôt viser 25 à 30% du chiffre d’affaires avec 50% de l’effectif durant cette période. On va perdre de l’argent mais on va maintenir des collaborateurs le pied à l’étrier pour être sur le pont le moment venu.

Channelnews : Êtes-vous inquiet pour la solvabilité de vos clients ?

Julien Neyrial : On ne sait pas comment nos clients vont eux-mêmes être affectés, s’ils vont pouvoir être dédommagés, s’ils vont pouvoir bénéficier des crédits bancaires garantis par l’Etat. Mais on s’attend pour un certain nombre d’entre eux à devoir décaler leurs échéances. Nous avons nous-même décalé nos échéances bancaires de six mois pour préserver notre trésorerie et pouvoir ainsi donner des marges de manœuvre à nos clients.

Interview réalisée le 25 mars par téléphone