Avec plus de 10.000 machines virtuelles, Ikoula devient un acteur important sur le marché de l’hébergement. Présentation de la société désormais rémoise et perspectives avec son PDG, Jules-Henri Gavetti.


Channelnews : Depuis quelques mois Ikoula fait parler de lui en proposant des offres d’hébergement économiques et en publiant un livre sur le cloud computing que vous affirmez pratiquer depuis 2007. Pouvez-vous nous présenter brièvement la société ?


Jules-Henri Gavetti: Ikoula a été créée en 1998 dans le 93 avec un site hébergé aux US. Ensuite, un serveur a été installé dans un pavillon. En 2000 des baies ont été louées chez un hébergeur de Courbevoie. En 2006, Ikoula est devenu un acteur important chez ce prestataire, qui ne nous offrait plus de possibilité d’évoluer. Nous nous sommes alors aperçu que Paris était trop cher en matière de prix et d’espace. Il a donc fallu chercher en province. Un collaborateur rémois nous a parlé de l’ancien site Cogent qui était disponible dans sa ville. Nous avons racheté le site et déménagé 3.000 serveurs. A l’époque Ikoula employait une dizaine de collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros. Aujourd’hui il y a 40 personnes et on dégage 5 millions d’euros. Les premier, deuxième, quatrième et cinquième collaborateur à avoir rejoint la société sont toujours chez nous. Les gens se plaisent chez Ikoula. C’est notre marque de fabrique.

Qu’est-ce qui explique votre progression ?


Jules-Henri Gavetti: Il y a une continuité qui s’est établie entre une équipe fidèle et des clients qui le sont tout autant. Cela permet de bâtir une relation. D’autre part Ikoula est une société très technique, même si aujourd’hui on redynamise le marketing. La société est technique à 80% et marketing à 20%; Cela pose d’ailleurs quelquefois des difficultés car le marketing est important sur le net.

La société a deux divisions. La division Express propose des noms de domaines, des sites mutualisés, des serveurs virtuels ou dédiés. Nous travaillons chaque année de nouvelles offres avec des clients qui demandent plus de serveurs, plus de stockage. Ce sont de véritables poissons-pilotes.

Il y a ensuite la division IES. C’est un peu de la haute couture avec des prestations sur mesure, basées sur un gigantesque Lego afin de satisfaire les demandes d’hébergement. Cela va du simple serveur à de multiples serveurs avec un réseau VPN.

Cela dit, nous ne développons pas d’applicatifs. Nous restons dans notre sphère de compétence. Quand on ne sait pas faire, on ne fait pas. C’est d’ailleurs quelque chose que nos clients apprécient, comme ils apprécient notre maîtrise des coûts.

Venons en à votre vision du cloud computing.


Jules-Henri Gavetti: Nous ne voulons pas entrer dans des querelles d’experts. Nous avons commencé il y a trois ans à cause du vieillissement d’une partie de notre parc informatique. Nous cherchions un moyen simple de transférer sans aucun recodage nos applications sur du matériel plus récent, tombant moins souvent en panne. Nous avons alors développé une plateforme cloud dans laquelle nous avons basculé une grande partie de nos serveurs. A l’arrivée du cloud sur le marché, nous étions prêts, mais avec notre propre explications de texte. Pour montrer où nous nous situons nous avons donc publié un livre sur le sujet. Aujourd’hui, nos équipes ont installé beaucoup de machines virtuelles pour nos besoins internes. Comme nous avons constaté que certains de nos collaborateurs ne les arrêtaient jamais, nous avons mis en place un système de facturation interne. Nous avons trouvé cela sexy et intéressant pour nos clients. Nous leur avons donc proposé une machine virtuelle à 1 euro par mois avec un système de franchise. Si le client dépasse la franchise, il paye juste ce dépassement. Il peut aussi facturer à l’usage.

La machine virtuelle à 1 euro est un petit serveur dédié qui peut devenir un grand serveur s’il le faut. Cela se fait dynamiquement. Cela permet par exemple à une entreprise d’utiliser beaucoup de capacité pour ses comptes annuels et de ne payer que cette capacité pour la période d’utilisation, sans devoir contacter un commercial 15 jours à l’avance. Tout est dynamique avec un seuil d’alarme et une interface pour suivre la consommation en temps réel, et arrêter s’il le faut les machines virtuelles. Nous devons être un des hébergeurs les moins chers du marché.

Des projets pour 2011 ?


Jules-Henri Gavetti: Nous allons ouvrir un nouveau site, toujours à Reims. Nous allons y monter une infrastructure PRA. Nous allons également recruter de nouveaux ingénieurs localement.

Nous apprécions le travail fait par la communauté d’agglomération, la région et le département. A Reims on nous a ouvert les portes et permis de développer notre business.


N’est-il pas trop difficile d’y recruter des profils d’ingénieur ?


Jules-Henri Gavetti: Il y a à Reims une université avec une faculté d’informatique de très bon niveau, ainsi que des DUT également de très bon niveau. Et les gens sont très motivés pour rester à Reims, où la vie est 30% moins cher qu’à Paris. C’est un Parisien qui vous le dit. Les gens viennent chez nous parce qu’ils savent que nous n’allons pas déménager, que nous leur offrons des perspectives. Je dois même vous dire qu’à Reims on trouve de meilleurs profils qu’à Paris où les grosses SSII, les gros hébergeurs drainent les meilleurs.


Tout est donc parfait ?


Jules-Henri Gavetti: Non. Nous sommes un des plus gros hébregeurs de machines virtuelles avec 10.000 machines, chacune avec un client derrière. Malgré cela les politiques ne nous considèrent pas trop. En province il y a des réseaux à très haut débit. Malheureusement ils sont bloqués par des opérateurs liés aux autoroutes, au ferroviaire. Il y aurait plus d’acteurs en province, la région serait plus dynamisée si des gens comme nous avaient accès au même réseau qu’à Paris. Et au même coût.