La plus ancienne technologie d’identification par radio fréquence, promise à l’origine à un bel avenir par les experts, est restée cantonnée à des marchés de niche. L’explication serait d’ordre culturel.

En 2007, une étude du cabinet IDTechEx prévoyait une forte croissance du marché du tag RFID actif, qui devait de 550 millions de dollars cette année là à plus de 6,78 milliards de dollars en 2016. Des perspectives très alléchantes qu’accréditaient des projets tous azimuts pour équiper les parkings, les hôpitaux, les flottes de véhicules ou les salles d’attente. Trois ans plus tard, le marché du tag actif en est toujours au stade embryonnaire, du moins en France.Et selon l’intégrateur spécialisé BlueSafe, il ne serait pas pêt de décoller.

Pourtant, la technologie a fait un bond en avant avec de nouvelles générations de composants électroniques, issus du monde de la téléphonie mobile et du monde des réseaux sans fil (Wi-Fi, bluetooth), et avec de nouvelles piles électriques qui permettaient une autonomie des tags allant jusqu’à 3 ans. Les prix se sont également assouplis, passant de plus de 200 euros à une quarantaine d’euros le tag en 2007.

Mais selon Fabrice Jonvel, directeur associé de Bluesafe, « c’est surtout la dimension sociale qui a bloqué le développement des tags actifs. La technologie en elle-même, très aboutie, a fortement intéressé le monde hospitalier. L’idée consistait à surveiller les déplacements  des personnes ayant perdue leur autonomie pour prévenir d’éventuels dangers. La société civile ne l’a pas entendu de la même oreille ».

 

En effet, alertées par le fait que cette nouvelle technologie permettait de tracer très précisément les parcours des individus, plusieurs associations de défense des libertés individuelles se sont mobilisées contre cette technlologie de « flicage » et pour bloquer les projets en cours. Une clinique de Clermont-Ferrand, qui avait déjà lancé à l’époque le suivi de ses patients à l’aide d’un bracelet Wi-Fi, a dû stopper son expérience sur le champ. Depuis, tous les projets dans le secteur de la santé se son enlisés et Bluesafe, un peu amer, avoue n’avoir développé aucune application dans ce domaine, malgré un investissement humain conséquent et une technologie parfaitement maîtrisée.

Kimaldi, fabricant espagnol de systèmes de contrôle d’accès, qui commercialise une gamme de bracelets et porte-clés avec tag actif pour personnes âgées en maisons de retraite sur son marché domestique, a bien essayé lui aussi de placer sa solution dans les maisons de retraite françaises. Mais, tout comme BlueSafe, il a fait chou blanc : il n’a eu vent d’aucun projet du côté français des Pyrénées, même sur le papier. Apparemment l’Espagne est plus souple que la France en matière de contrôle des personnes.

Quelques rares prestataires parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu. Ainsi, le distributeur de solutions de géolocalisation Nomadic Solutions, qui fournit aux intégrateurs des solutions de tags actifs RFID avec boîtier GPS/GPRS destinées au secteur de la logistique. Les projets qui voient le jour concernent des inventaires automatiques de matériels sensibles. C’est le cas dans les urgences hospitalières où les tags actifs permettent de valider l’ensemble des matériels qui doivent être embarqués avant départ d’une mission d’urgence.

 

On trouve des applications similaires chez les industriels du gaz et du pétrole qui partent sur des interventions d’urgence, ou sur des camions frigorifiques pour contrôler la température des liquides ou des produits chimiques et, dans certains entrepôts, pour vérifier le déplacement de certaines marchandises de grande valeur. « La demande n’est pas négligeable, indique Patrick Minot de Nomadic, mais les volumes restent faibles et ponctuels. Quelques marchés de niche ne suffiront pas à faire décoller la technologie, d’autant que le coût élevé des tags à l’unité ne facilite pas l’adhésion d’une technologie de pointe ».