Gamestop n’a pas trouvé acquéreur, a annoncé la semaine dernière dans un communiqué l’enseigne de magasins de jeux vidéo. La faute au « manque de financement disponible à des conditions commercialement acceptables pour un futur acquéreur ». Autrement dit, les taux d’intérêt seraient défavorables pour financer l’opération. Une information qui a aussitôt provoqué la chute de son cours en bourse – l’action a atteint son plus bas niveau depuis 14 ans – et les spéculations les plus pessimistes de la part de la presse financière.

Gamestop est l’un des leaders mondiaux de la distribution de jeux vidéo avec ses 7.100 magasins répartis dans 14 pays. En France, Gamestop est propriétaire de l’enseigne Micromania (rachetée en 2008), leader sur son marché avec 425 magasins. GameStop cherchait un repreneur depuis juin dernier. Mais sa lourde dette à long terme (816 millions de dollars), l’absence de capitaine depuis le décès de son directeur général en mars 2018 et le départ de son remplaçant trois mois plus tard, et surtout les menaces que fait peser sur son modèle la dématérialisation croissante des ventes de jeux vidéo, ont semble-t-il refroidi les investisseurs potentiels, qui s’interrogent sur sa viabilité à long terme.

Pourtant, l’enseigne a fait de la croissance en 2018 et reste profitable (même si elle a dû annoncer une perte de 488,6 millions de dollars au troisième trimestre 2018 pour tenir compte d’une charge de dépréciation liée à la baisse du cours de son action).

En France, Micromania semble continuer de bien se porter. L’enseigne a ainsi affiché un chiffre d’affaires en croissance de 11,7% en 2017 (de 636 M€) et un résultat net plus que confortable de 23 M€, soit 3,6% du CA. Ses bons résultats et sa diversification réussie dans la vente de produits dérivés de la pop culture suite à sa fusion avec sa filiale Zing fin 2017, ont permis à son directeur général Nicolas Bertrand d’être promu en avril 2018 senior vice president de GameStop Europe. Poste depuis lequel il règne sur près de 1250 magasins en France, en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Irlande et dans les pays scandinaves.

Des résultats probants qui montrent que le marché du jeu physique n’est pas mort – le Syndicat des éditeurs de jeux vidéo estimait en février 2018 que le marché physique des jeux vidéo représentait encore 31% du marché français des jeux vidéo – et qu’il y a matière à relancer la croissance en misant sur le jeu digital – Micromania estime peser plus de 50% du marché des produits dématérialisés vendus en magasin – et les produits dérivés. Une stratégie dont pourraient s’inspirer les dirigeants de Gamestop qui semblent bien décidés à sauver l’entreprise.