Ericsson est rattrapé par de troubles activités internationales.En 2019, le géant suédois des télécoms avait passé un accord de poursuites différées (DPA) avec le ministère américain de la justice (DOJ). Cet accord prévoyait le paiement de plus d’un milliard de dollars pour mettre fin à une série d’enquêtes sur des faits de corruption dans cinq pays, ainsi qu’une coopération avec la justice américaine sur les enquêtes en cours. Le DOJ reproche à présent à Ericsson d’avoir manqué de transparence et enfreint l’accord.

L’accord avec le DOJ ne concernait pas au départ l’Irak. Mais à la mi-février, Ericsson a présenté les conclusions d’une enquête interne ouverte en 2019 après l’identification de dépenses suspectes dans ce pays à partir de 2011. Elle a mis à jour que des paiements ont bien été faits à des intermédiaires pour contourner les douanes irakiennes et assurer l’accès à des zones contrôlées alors par des organisations terroristes, y compris l’Etat islamique.

Le dimanche 28 février, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a publié les résultats de sa propre enquête. Elle révèle « des faits de corruption et de mauvaises pratiques d’Ericsson dans une dizaine de pays. Notamment en Irak, où Ericsson est suspecté de pots-de-vin, de détournements de fonds, d’emplois de complaisance, mais aussi de financement indirect du groupe État islamique », résume Le Monde, partenaire de l’ICIJ sur cette enquête.

Suite aux enquêtes rendues publiques par Ericsson et les journalistes de l’ICIJ, le DOJ a informé Ericsson le 1er mars que « la divulgation faite par la société avant la DPA au sujet de son enquête interne sur la conduite en Irak entre 2011 et 2019 était insuffisante ». Le ministère a déterminé par ailleurs que « l’entreprise avait enfreint la DPA en omettant de faire des divulgations subséquentes liées à l’enquête postérieure à la DPA ».

Ericsson a affirmé dans un communiqué le 2 mars coopérer avec le DOJ pour résoudre cette situation. Selon l’équipementier la situation décrite par les médias est couverte par son enquête interne et ne modifie pas ses conclusions. « Nous continuons d’investir des ressources importantes pour améliorer notre programme d’éthique et de conformité et notre culture de prise de parole afin d’aider à prévenir de futures inconduites », a ajouté le groupe qui reconnait qu’il est « à ce stade prématuré de prédire l’issue de ce dossier. »

Le cours de l’action Ericsson a dévissé de 9% le jour de la publication du communiqué et de plus d’un tiers depuis le début des révélations en février. Malgré les bons résultats du groupe liés au déploiement mondial de la 5G, son avenir est désormais en partie dans les mains de la justice américaine.