Le tribunal de commerce de Nanterre a validé l’offre de reprise déposée par le bordelais Cybertek sur l’enseigne spécialisée Grosbill. Cette dernière était en redressement judiciaire depuis le 2 octobre dernier. L’offre de Cybertek a été préférée à celles de LDLC, NewPix et Dray, qui avaient également fait des propositions. Cybertek s’est engagé à reprendre onze salariés sur les 30 qui travaillaient encore au sein de Grosbill. L’enseigne bordelaise conserve également le site Internet et le magasin historique du boulevard de l’Hôpital dans le XIII arrondissement de Paris. En revanche, les magasins de Colombes, qui servait également de plateforme logistique au site Internet, et de Thiais sont abandonnés.

Plusieurs arguments ont sans-doute milité en faveur du choix de Cybertek, relate Xavier Sourroubille, son co-gérant associé. « Cybertek peut se prévaloir de ses 22 ans d’existence et du fait que ses deux fondateurs, moi-même et Laurent Chancholle, soient toujours à ses commandes et demeurent ses actionnaires de référence. Société à taille humaine [avec un effectif de 75 personnes], Cybertek possède son propre site d’assemblage, d’une capacité de 50.000 unités par an, et bénéficie du contrat direct Microsoft, gages d’une rentabilité accrue ».

En se séparant des magasins de Colombes et Thiais, Cybertek va amputer le volume d’activité de Grosbill d’un gros tiers à environ 11-12 M€ en 2019 contre 20 M€ cette année. Mais le distributeur espère ainsi revenir à l’équilibre dès la première année alors que 2018 se solde encore par une perte de 800 K€. C’est toutefois douze fois moins que les 9,7 M€ de pertes enregistrées en 2017.

Des pertes qui étaient récurrentes depuis 2010. À l’époque, c’est le groupe Auchan qui contrôle le capital. Mais sa stratégie d’ouverture de points de vente tous azimuts – l’enseigne en comptera jusqu’à onze – ne donne pas les résultats escomptés. Le chiffre d’affaires dépasse à l’époque les 120 M€ mais les pertes commencent à se creuser. En 2015, Auchan cède l’enseigne au fonds d’investissement allemand Mutares, spécialisé dans le redressement d’entreprises en difficultés et, accessoirement, fossoyeur de Pixmania. Les pertes sont à leur plus haut. En 2017, Mutares cède l’enseigne à l’un de ses fondateurs, Luc Boccon-Gibod, qui la rencentre sur ses fondamentaux, le conseil et le service, et réduit la voilure en fermant la plupart des magasins. Mais, cela ne suffira pas.

Cybertek a donc pris les commandes de Grosbill mardi 18 décembre. Sa première décision a été de rappatrier la logistique du site Internet Grosbill sur le magasin de Paris. D’une surface totale de 800 m2, celui-ci a réduit sa surface de vente de moitié – à environ 200 m2 – pour faire de la place au stock. Cybertek va continuer d’opérer le site Internet et le magasin sous l’enseigne Grosbill avec un positionnement prix et un assortiment inchangés. Un challenge pour Cybertek, dont le positionnement prix est moins agressif et l’assortiment plus ramassé.

Mais si la greffe prend, Cybertek envisage d’élargir rapidement son assortiment et de relancer une politique d’ouverture de magasins. Mais en privilégiant des formats plus petits.