Plateforme d’échange de données hybride appréciée des connaisseurs, Crosscut a bien failli sombrer définitivement avec son promoteur, le Français Moskitos, emporté par une procédure collective cet été. Elle doit son salut à la mobilisation d’Antoine Jacquier et Clément Marche, les deux dirigeants d’un de ses partenaires, la société de conseil Nuageo, qui avait fait de CrossCut l’un des rouages essentiels du système d’information d’une demi-douzaine de clients. Soucieux de la pérennité de leur SI et convaincus à la fois de la pertinence de CrossCut – évaluée par Gartner dans son Quadrant magique – et de l’existence d’un marché, Antoine Jacquier et Clément Marche ont donc racheté les actifs de Moskitos en août avec la volonté d’assurer a minima la continuité de service pour les clients existants et, si possible, d’en relancer le développement.

Trois mois plus tard, les premiers résultats sont là et les perspectives sont encourageantes. La plateforme est toujours opérationnelle et la moitié de la dizaine de clients actifs au moment de la liquidation continue de l’utiliser – parmi lesquels Cafpi, Wojo (ex-NextDoor) et Tech Data. Un nombre de clients en tout cas suffisant pour assurer la pérennité de CrossCut – nom de la nouvelle structure juridique créée début septembre pour poursuivre l’œuvre de Moskitos – dans sa conformation actuelle, assure Clément Marche, son dirigeant-associé en charge du développement commercial et de la qualité de service.

Car CrossCut se place d’entrée de jeu dans une logique de rentabilité immédiate contrairement à Moskitos qui était dans une logique de levée de fonds, explique-t-il. Conséquence : alors que Moskitos employait une trentaine de personnes au moment de sa défaillance, CrossCut doit fonctionner avec une équipe beaucoup plus ramassée de trois à quatre personnes dans un premier temps.

Pour assurer la continuité de service de la plateforme et en orchestrer la relance dans les meilleures conditions, Antoine Jacquier et Clément Marche se sont naturellement tournés vers les ex-Moskitos. Bien leur en a pris : leur projet a suscité l’adhésion de l’un des plus imminents d’entre eux, son directeur technique, Jérémie Devillard, qui a rejoint officiellement CrossCut en tant qu’associé fin octobre. Plusieurs développeurs indépendants sont également à la manœuvre et une nouvelle embauche est d’ores et déjà prévue d’ici un à deux mois.

Son équipe constituée, Crosscut s’est attelé à l’optimisation de sa plateforme dans son nouveau contexte de ressources restreintes. L’éditeur s’est notamment tourné vers Satelliz, un spécialiste de la supervision à distance, pour automatiser la supervision et les opérations techniques. En parallèle, il s’emploie à mettre en place une instance multilocataire de sa plateforme, pour en diminuer les coûts d’accès, et travaille sur un modèle de flux as-a-service intégrant la conception du flux, sa mise en place et son exécution.

Evidemment, CrossCut a dû se résoudre à faire des sacrifices, notamment en mettant en pause un certain nombre de développements (notamment la gestion des API), pour se concentrer sur l’échange de données. L’éditeur s’est fixé pour objectif d’arriver à proposer d’ici à janvier une plateforme stable, supervisée en 24/7 et déployable en moins de 20 minutes. Un objectif déjà quasiment atteint. Dès lors, Crosscut sera prêt pour partir à la conquête de nouveaux clients.