La vente par Atos de ses activités support utilisateurs à Proservia avait suscité de vives inquiétudes de la part des salariés concernés. Des inquiétudes que Proservia a su dissiper. Explications de Stéphane Clément, son DG.


Channelnews : Vous venez de racheter Atos Service Desk Services (SDS), pourquoi cette opération ?

Stéphane Clément : Nous voulons faire de Proservia une marque internationale de référence dans le support à l’utilisateur final. Au moment du rachat de Proservia en 2011, [alors que les activités de services IT de Manpower ne  pesaient qu’environ 55 M€ de chiffre d’affaires pour un peu moins de 900 collaborateurs], nous avions annoncé qu’à l’horizon 2015, nous passerions la barre des 150 M€ pour 2.500 collaborateurs. Avec Atos SDS, qui représente 53 M€ de facturations annuelles pour 850 collaborateurs, nous y sommes. Désormais, nous visons 250 M€ pour 4.000 collaborateurs en 2017. Un objectif qui passera notamment par un développement en Europe avec Manpower.

Pourquoi n’est-ce pas Proservia qui rachète directement Atos SDS mais une coquille vide, Arkes, héritée d’une acquisition précédente ?

Stéphane Clément : Parce que les deux structures ne bénéficient pas des mêmes conditions sociales et que nous souhaitions procéder à leur alignement avant de fusionner. C’est une étape intermédiaire.

Une partie des salariés d’Atos a cherché à empêcher la vente par crainte notamment de licenciements à terme. Ne pensez-vous pas que cette intégration en deux temps soit de nature à les conforter dans leurs appréhensions ?

Stéphane Clément : On a compris leurs craintes et on a souhaité que les collaborateurs d’Atos soient heureux de venir chez nous. C’est pourquoi nous avons accepté de leur accorder une garantie d’emploi de trois ans et surtout de nous engager à « tuper » [fusion juridique via une transmission universelle de patrimoine] au 1er janvier 2016 au plus tard. Autre élément de nature à les rassurer : leur métier, le support utilisateur, est notre cœur de métier. Ce qui n’était pas le cas chez Atos qui s’oriente de plus en plus vers l’ingogérance des grands datacenters.  Le rachat d’Atos SDS, comme ceux d’IBM et Nexeya auparavant, s’inscrivent dans une véritable stratégie industrielle. Il ne s’agit pas d’une opération financière.

Et que se passera-t-il si vous ne parvenez pas à aligner les conditions sociales avant la TUP ?

Stéphane Clément : Les collaborateurs en provenance d’Atos ne risquent rien. Leur crainte était qu’on ferme Arkes au bout de trois ans. Quoiqu’il arrive, ils seront fusionnés dans neuf mois et ils  conserveront leurs avantages 15 mois à titre individuel. Cela va juste nous obliger à travailler plus vite pour aboutir à cet alignement social. C’est en bonne voie. On a déjà fait des concessions sur les tickets restaurants et les mutuelles. Et nous sommes proches d’un accord sur le temps de travail. D’une manière générale, les collaborateurs d’Atos SDS devraient rester sur leurs conditions actuelles, sauf cas particuliers. L’alignement se fera plutôt au bénéfice des collaborateurs Proservia. L’idée, c’est de faire progresser socialement l’ensemble.

L’une des inquiétudes des callaborateurs d’Atos concerne la marge. Le fait qu’Atos SDS soit cédé pour l’euro symbolique n’est pas anodin. On ne connaît pas son résultat opértionnel mais on sait qu’Atos Infogérance, la division dont ils dépendaient jusque-là était dans le rouge. Apparemment, une partie du problème viendrait des coûts salariaux, plus élevés que ceux de Proservia.

Stéphane Clément : Ce n’est pas tout à fait exact. Il n’existe pas de grosses différences dans nos grilles salariales respectives. L’écart vient de la séniorité plus forte chez Atos SDS que chez Proservia. Avant ce rachat et celui de la filiale support utilisateurs d’IBM, notre moyenne d’âge était inférieure à trente ans. Désormais elle atteint 36 ans et demi. Tout l’enjeu va être de valoriser ces nouvelles compétences et ces expertises héritées d’Atos. Heureusement, Proservia bénéficie d’une croissance organique supérieure à 10% (entre 12 et 13% au cours des trois derniers exercices). Cette croissance est le résultat de notre politique d’investissements sur la force commerciale et l’avant-vente, mais également dans les outils (ITSM), la R&D et les centres de services. Cette croissance organique forte va être un atout décisif pour redéployer au mieux les collaborateurs et les placer à leur juste prix. Il est important de souligner également que nous atteignons la taille critique et que le rachat d’Atos SDS n’aura que peu d’impact à la hausse sur nos frais fixes car nous n’avons repris que le fonds de commerce, les contrats et les équipes delivery. Pas le commerce. Nous gagnons trois centres de services (à Grenoble, à Paris et à Lille) mais nous limitons le nombre de nos agences à dix-sept contre seize jusque-là.

 

ne passe que de seize