Deux ans après la reprise de Proservia par Manpower, nous avons demandé à Stéphane Clément, patron de l’entité ManpowerGroup Solutions comment se portait l’entreprise.


Qu’est ce qui a changé chez Proservia depuis son rachat en 2011 par Manpower Groupe ?

Stéphane Clément : J’insisterais plutôt sur le fait que la reprise de Proservia s’est faite dans la continuité de l’esprit de son fondateur. Notamment sur le plan des valeurs humaines et de l’éthique. Des valeurs que partage Manpower et qui s’illustrent par exemple dans la volonté de donner à chacun sa chance. Ainsi, nous continuons chez Proservia d’investir sur la formation et d’embaucher des profils atypiques. En témoigne l’une de nos dernières initiatives en date : former vingt-cinq jeunes au métier de télé-opérateur dans le cadre du pacte Pen Breizh [qui vise à faire rentrer plus de 500 chômeurs de longue durée dans le secteur IT].

L’esprit du fondateur est resté mais également le nom de l’entreprise, son positionnement et l’ensemble de ses collaborateurs. Proservia est toujours une société de services spécialisée infrastructures. Elle est devenue la principale entité de ManpowerGroup Solutions, la marque services en engagement de résultat du groupe. Elle n’a fusionné avec aucune autre entité, mis à part le rattachement d’une quarantaine de collaborateurs exerçant le même métier issus de Damilo Consulting suite à son rachat en 2012 par Experis IT ? la marque services orientés applications du groupe.

Alors, rien n’a changé ?

Stéphane Clément : Si. Notamment la ventilation de l’activité entre prestations de type régie et infogérance. À la reprise, on était à 50%-50% mais on tend vers les 80% d’infogérance. Pour cela, on investit beaucoup dans l’industrialisation et les centres de services. On vient par exemple d’annoncer un investissement de 2,2 M€ à Rennes dans notre plate-forme de call center orientée assistance bureautique et support à la mobilité. Celle-ci va être portée à 300 positions d’ici à mi-2014 contre 110 auparavant. Nous sommes au passage la première entreprise de services numériques à être avoir obtenu la certification NF345. Jusque-là exclusivement mise en avant par les call-centers BtoC, elle met autant l’accent sur le savoir-être que le savoir-faire technique.

Quelle a été votre dynamique de croissance sur les deux dernières années et comment a évolué votre profitabilité ?

Stéphane Clément : Proservia a enregistré 10% de croissance en 2012 et devrait faire autant cette année. L’exercice 2012 s’est achevé sur un chiffre d’affaires de 60 M€ contre 50 M€ en 2010 et l’exercice 2013 devrait se situer à environ 70 M€. L’effectif a augmenté de plus de de 20% en deux ans : 1100 collaborateurs aujourd’hui contre 861 au moment du rachat en 2011. Et on continue d’embaucher rapidement. Entre janvier 2013 et juin 2014, on aura recruté 500 personnes. La profitabilité reste stable autour de 5% du CA.

Pour autant, les vingt-quatre derniers mois ont été complexes en termes de business. Le marché a été tendu, le serrage des prix continu, l’accès à l’externalisation freiné. Avec 10% de croissance, on s’en sort pas mal. On l’attribue à l’aura de la société en province. Mais aussi aux efforts faits en Ile de France pour se faire connaître. On a notamment étoffé la force commerciale, organisé des plans de visite des grands comptes et mis en avant les bénéfices du groupe : la sécurité financière, la capacité de recrutement, la capacité de formation. Le groupe peut s’appuyer sur un vivier de 110.000 intérimaires dont 10 .000 à 15.000 techniciens informatiques. On a aussi beaucoup recruté en Ile-de-France. L’agence francilienne compte désormais 300 collaborateurs contre 180 il y a deux ans.

Comment voyez-vous évoluer le marché dans les prochains mois et quels sont vos axes de croissance ?

Stéphane Clément : Il semble qu’on assiste aux prémisses d’un redémarrage. De nombreux cahiers des charges ressortent. Les entreprises se remettent sur leurs plans d’investissement et d’externalisation. Proservia s’oriente de plus en plus vers la mobilité des utilisateurs, le Cloud et la sécurité. On accompagne les entreprises dans la migration de leurs infrastructures vers le Cloud, qu’il soit public, privé ou hybride. Nous avons-nous-même migré nos infrastructures vers le Cloud d’Orange (avec qui nous travaillons beaucoup) en février dernier. Une fois migrées, on continue d’exploiter leurs machines et surtout d’assurer leur sécurisation. On privilégie la sécurité non contraignante, ce qui implique plus de choses à surveiller au quotidien. Enfin, dernier axe de développement : la réduction du coût de possession. On propose de nombreuse solutions par exemple pour éteindre les PC la nuit ou gérer la performance énergétique des datacenters…

Qu’en est-il de votre ambition exposée lors du rachat de porter chiffre d’affaires à 150 M€ et l’effectif à 3.000 collaborateur en 2015 ?

Stéphane Clément : Elle reste d’actualité, même si ce sera plutôt pour la fin de l’année 2015 qu’au début. Cet objectif passe bien-sûr par la croissance externe. Plusieurs dossier sont à l’étude, dont un devrait aboutir avant la fin de l’année.