Alticap a vingt ans. L’occasion pour son président Éric Le Goff de revenir sur le chemin parcouru par cette société d’intégration de logiciels de gestion d’origine normande de 160 personnes réalisant 21 M€ de chiffre d’affaires annuel et d’égrener quelques raisons de rester optimiste dans le contexte actuel.

Channelnews : Alticap vient d’atteindre 20 ans. Un âge canonique dans le domaine de l’IT. Avez-vous fêté ça ?

Éric Le Goff : Nous avions prévu une grande soirée rétrospective réunissant nos clients et nos collaborateurs qui devait se tenir à la grande halle du Campus technologique EffiSciense de Colombelles (Caen). Mais nous avons préféré la reporter d’un an pour éviter d’avoir à l’annuler au dernier moment.

Channelnews : Une soirée rétrospective ? C’est-à-dire ?

Nous avons prévu une grande rétrospective sur les vingt années écoulées à travers une exposition ludique. Une façon de revenir sur l’histoire d’Alticap qui se confond avec celle de l’informatique de ces vingt dernières années. Alticap s’est créé l’année du bug de l’an 2000. Son activité était alors exclusivement orientée gestion avec Sage pour unique partenaire. Un positionnement qui a fait sa notoriété et qui lui a permis de se développer. Rapidement, nous avons mis au catalogue des solutions d’infrastructures et d’équipements réseaux pour répondre à la demande des clients qui ne se suffisaient plus d’une solution de gestion mais qui voulaient une solution globale. Au tournant des années 2010, Alticap s’est lancé dans le Cloud et a suivi le mouvement de migration vers les solutions SaaS, d’abord avec SAP ByDesign, puis avec Cegid (et depuis peu avec XRP Flex). Aujourd’hui tout devient service, y compris le matériel. Mais il faut se rappeler que les trois cofondateurs d’Alticap, Gilles Brunel, Hubert Nolais et moi, venons d’une époque où l’on remplaçait les grands systèmes par des serveurs et des PC en local.

Channelnews : Qu’est-ce qui explique selon vous la longévité d’Alticap ?

Éric Le Goff : La perception qu’en ont les collaborateurs, c’est qu’Alticap est une belle aventure humaine. Il y a une vraie entente entre les équipes, à commencer entre les trois fondateurs, qui sont toujours ensemble après vingt ans. L’autre facteur de succès c’est sans doute le modèle fédéraliste d’Alticap, qui est en réalité une agglomération d’agences autonomes – il y en a une dizaine – autour d’un point central. Les patrons de ces agences et les collaborateurs clés sont salariés actionnaires, ce qui représente un gros avantage en termes d’implication et de compréhension des enjeux.

Channelnews : Il y a trois ans, Alticap a annoncé une levée de fonds de quatre millions d’euros pour financer sa croissance. L’objectif affiché était d’atteindre 30 M€ de chiffre d’affaires en 2021 via notamment de la croissance externe et le développement des activités cloud. En 2018, Alticap a racheté l’intégrateur Sage parisien Danphil Conseils. Où en êtes-vous deux ans plus tard ?

Éric Le Goff : Nous sommes en phase de consolidation. Le Cloud et le SaaS demandent beaucoup de cash car ils induisent l’étalement sur trois ou cinq ans de revenus qui étaient auparavant perçus en 30 ou 60 jours. Je vous laisse calculer les besoins en fonds de roulement que cela représente pour une activité souscription qui représente désormais plus de 20% de notre chiffre d’affaire annuel.

Channelnews : Comment se porte l’activité d’Alticap en cette année 2020 ?

Éric Le Goff : Nous avons la satisfaction d’avoir fait une belle année 2019 et d’avoir plutôt bien résisté jusqu’à fin juin. Mais l’été a été très compliqué. La crise a créé beaucoup d’inertie et d’attentisme de la part des clients. Et cette incertitude finit par être épuisante pour les collaborateurs. Mais, au-delà de son caractère anxiogène, cette crise a aussi des vertus. Elle favorise certaines prises de conscience, par exemple sur le télétravail. Chez Alticap, nous avons décidé de graver dans le marbre le principe des deux jours de télétravail par semaine pour les collaborateurs. Le projet était depuis longtemps sur la table mais toujours remis à plus tard.

Dans la même veine, nous avons décidé de mettre en place en interne la plateforme de financement participatif de projets à connotation RSE (responsabilité d’entreprise) de la société Teamstarter, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leur stratégie RSE. L’idée de Teamstarter : chaque salarié se voit allouer une somme forfaitaire mensuelle de l’ordre de 10 ou 20 € destinée à être investie dans les projets de son choix. Chacun peut proposer des projets (financement associatif, qualité de vie au travail, développement durable…) dans lesquels les autres pourront investir. La mise en place de cette plateforme sera finalisée fin novembre.

Channelnews : Qu’est-ce qui vous pousse à prendre toutes ces initiatives ?

Éric Le Goff : En contribuant à améliorer la qualité de vie travail, ces initiatives participent à la fidélisation des équipes. C’est aussi une façon de montrer qu’il ne faut pas se laisser abattre dans cette période difficile et qu’on peut toujours et faire bouger les choses.

Légende photo : De gauche à droite : Eric Le Goff, Gilles Brunel, et Hubert Nolais