Groupe Acial, société de services indépendante spécialisée dans le test logiciel vient d’annoncer l’entrée à son capital du fonds d’investissement Alliance Entreprendre, qui prend une participation majoritaire, et de Bpifrance. C’est Crescendo Finance qui a assuré le montage financier de cette opération. Le décryptage de l’opération par son managing partner Tech : Yoann Roussel.

Channelnews : Pouvez-vous nous rappeler qui est Acial et pourquoi la société a souhaité ouvrir son capital ?

Yoann Roussel : Acial est le principal pure-player français du test logiciel. La société a été créée en 1998, et a développé une offre de services globale sur ce métier qui va du test fonctionnel et de performance à la formation aux métiers du test en passant par l’audit et le conseil en stratégie de test. Elle emploie un peu moins de 300 collaborateurs et réalise plus de 22 M€ de chiffre d’affaires. La société avait trois dirigeants. L’un d’eux avait pour projet de sortir du capital pour se consacrer à un projet d’économie sociale et solidaire. Les deux autres, Petros Mavrocordatos et Mohamed Hassen, souhaitaient se lancer dans une stratégie de croissance externe et créer de la valeur autour d’Acial en capitalisant sur son savoir-faire.

Channelnews : Quelles sont les caractéristiques du deal et la valorisation retenue ?

Yoann Roussel : La valorisation est confidentielle. Alliance Entreprendre a injecté 8 M€ et Bpifrance 2 M€ . Une partie des fonds a permis à l’actionnaire historique qui le souhaitait de sortir.  Les deux autres ont gardé une part minoritaire. Cette opération va permettre à Acial de mobiliser des capitaux plus importants pour ses futures opérations de croissance externe. Elle va aussi lui permettre de bénéficier des conseils d’Alliance Entreprendre pour la détection d’éventuelles cibles et leur intégration.

Channelnews : Combien d’acheteurs se sont positionnés sur le dossier et qu’est ce qui a permis à Alliance Entreprendre de faire la différence ?

Yoann Roussel : Une dizaine de candidats se sont présentés dont cinq sérieux. Trois ont fait une offre. Alliance Entreprendre a su être à l’écoute des dirigeants d’Acial, faire preuve de flexibilité dans les négociations. Le courant entre les personnes a fait le reste.

Channelnews : Pourquoi est-ce un fonds d’investissement qui a fait l’opération ?

Yoann Roussel : C’est une tendance forte sur le marché français des entreprises de services numériques. C’est un marché dynamique qui intéresse de plus en plus les fonds d’investissements. Depuis deux-trois ans, on assiste à un afflux de capitaux, notamment étrangers, drainés par ces fonds d’investissements, qui ont vocation à soutenir les levées de capitaux des ESN dans le cadre de stratégies de développement par croissance externe. L’objectif de ces fonds d’investissement, c’est d’améliorer le taux de rentabilité des ESN dans lesquelles ils investissent pour les revendre avec profit au bout de cinq à sept ans. Les fonds d’investissement ont tendance à mieux valoriser les ESN que les investisseurs industriels. Ils ont d’ailleurs contribué à faire augmenter leurs valorisations ces dernières années. Avant le Covid, on était ainsi arrivé à des coefficients de valorisation de l’ordre de 10 à 12 fois leur résultat brut d’exploitation (pour les société excédant 30 M€ de CA). En revanche, ils n’apportent pas autant de synergies que les investisseurs industriels.

Channelnews : Pouvez-vous détailler en quelques mots le positionnement de Crescendo Finance ?

Yoann Roussel : Crescendo finance est une banque d’affaires spécialisée dans les fusions/acquisitions et, depuis 2018, dans les levées de fonds sur les entreprises du secteur des TMT (technologie, média, télécoms) dont la valeur oscille entre 10 et 50 M€. La société a été créée en 2013 et emploie 5 personnes (bientôt 7). Elle a déjà une cinquantaine d’opérations à son actif.

Channelnews : Quel a été l’impact du Covid sur votre activité ?

Yoann Roussel : Le marché est moins dynamique. Il y a moins de transactions qu’en 2019. C’est moins dû aux investisseurs, dont les poches sont pleines et qui ont été rassurés par la résilience du secteur, qu’aux dirigeants d’entreprises, qui sont plus frileux, plus attentistes. Les mandats sont moins nombreux mais on nous sollicite plus sur duconseil en amont. Je reste optimiste car je pense qu’il y aura des rapprochements. Certaines entreprises ont des ressources inoccupées tandis que d’autres ont du cash et cherchent à faire des affaires.