En cet été de déluges (Allemagne, Benelux, Inde, Chine…) et températures excessives (Amérique du Nord, Espagne, Madagascar, Sibérie…), 195 pays passent en revue le volet intitulé ‘Bases physiques du changement climatique’ du sixième rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC ou IPCC en anglais). Sa publication est prévue ce lundi 9 août 2021.

Partant du principe que seules des personnes informées peuvent atténuer l’impact du changement climatique et préparer la société aux bouleversements à venir, le rapport du GIEC est un document scientifique de référence publié tous les 7 ans environ depuis 1990. Si chaque édition comporte des milliers de pages (1.300 pages pour ce premier volet), les « résumés pour les décideurs » de moins de 20 pages sont des synthèses plus accessibles. Leur lecture est indispensable à la compréhension des enjeux économiques et sociétaux actuels. « Rien n’y est écrit qui ne soit scientifiquement correct », précise le climatologue Christophe Cassou, l’un des 234 principaux auteur.e.s du rapport, à notre consœur de Reporterre.

A moins de 100 jours de la COP26 qui se tiendra à Glasgow en Écosse, la responsable climat de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Patricia Espinosa, alerte sans équivoque : « La réalité est que nous ne sommes pas en bonne voie pour respecter l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C d’ici la fin du siècle. Nous sommes sur le chemin opposé, nous nous dirigeons vers plus de +3°C. Nous devons changer de direction de façon urgente avant qu’il ne soit trop tard ». 

La planète s’est réchauffée d’environ 1,1°C en 50 ans. Pour espérer ne pas franchir le seuil de +1,5°C, c’est-à-dire pour prévenir les pires conséquences du changement climatique, il faudrait réduire chaque année les émissions de 7,6 % en moyenne entre 2020 et 2030, selon l’ONU. Cela a été le cas en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. « Les confinements sur l’année 2020 ont donné une baisse d’émissions de 6 à 7%. Si on veut arriver à une baisse des émissions de 40 ou 50 % en 2030, on voit le travail qui reste à faire. C’est presque un Covid de plus par an. Ce n’est évidemment pas comme ça qu’on le souhaite », indique le climatologue Robert Vautard, un autre co-auteur du rapport du GIEC, à l’Agence France Presse.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) constate malheureusement un rebond des émissions de gaz à effet de serre (+4,8% en France) lié au retour de la croissance économique en 2021. Elle confirme qu’il existe une relation quasi mécanique entre l’augmentation du PIB et celle des émissions de GES et de CO2. L’AIE prédit des émissions de GES record d’ici 2023, vu la faible part des plans de relance consacrée aux énergies propres.

D’après l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que le seuil de +1,5°C soit dépassé dès 2025 est déjà de 40%.

Le secteur de l’IT est bien évidemment concerné. En effet, le numérique représente actuellement 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2% au niveau national. Sans mesure prise pour réduire l’empreinte carbone du secteur, ces émissions pourraient croître de 60% d’ici à 2040 selon un rapport du Sénat.