Mercredi, le Wall Street Journal indiquait que Xerox avait fait une proposition d’achat à HP, dont la capitalisation de 29 milliards de dollars représente plus de trois fois la sienne.

HP a confirmé l’information à travers un communiqué intitulé « Déclaration de HP concernant des spéculations du marché ». « Comme indiqué lors de la dernière réunion de HP avec des analystes du secteur des valeurs mobilières, nous avons une grande confiance dans notre stratégie pluriannuelle et dans notre capacité à positionner la société pour qu’elle continue de prospérer dans un secteur en évolution, en particulier compte tenu des multiples leviers disponibles pour générer de la valeur. Dans ce contexte, nous avons eu de temps en temps des conversations avec Xerox Holdings Corporation au sujet d’un éventuel regroupement d’entreprises. Nous avons envisagé, entre autres, ce qui serait nécessaire pour justifier une transaction. Plus récemment, nous avons reçu une proposition transmise hier », peut-on lire.  « Nous avons l’habitude d’agir lorsqu’il s’agit de la meilleure voie à suivre et nous continuerons à agir avec mesure, avec discipline et en donnant la priorité à ce qui est dans le meilleur intérêt de tous nos actionnaires. »

A la clôture de Wall Street, le titre HP gagnait 6,36%, celui de Xerox 3,55%.

« Il s’agit d’un vairon avalant une baleine », a réagi dans un communiqué adressé à CRN Martin Wolf, président du cabinet de conseil martinwolf M & A Advisor. « Même si ce type de transaction soit rare, il s’est déjà produit. Bien que personne n’ait vu la lettre ou la répartition du cash-and-stock pour le contrat HP-Xerox, il est probable que Xerox serait l’actionnaire majoritaire et remplacerait l’équipe de direction de HP. Il n’est pas rare non plus que, dans un tel cas, la plus grande entreprise tente d’acquérir la plus petite. Dans cette hypothèse, ce serait probablement l’équipe de direction de Xerox qui serait remplacée. »

Si cette proposition paraît osée, elle a toutefois du sens. Si chez HP, la baisse des ventes de fournitures a été jusqu’ici compensée par la vigueur du marché du PC, la fin du cycle de rafraîchissement de Windows 7 pourrait provoquer un renversement du marché.  C’est pourquoi Enrique Lores, le nouveau patron de la firme de Palo Alto, entraîne celle-ci « vers de nouvelles fonctionnalités numériques en matière de logiciels, de données et de connaissances » pour reprendre ces termes, et annonce la suppression de 7.000 à 9.000 emplois.

Chez Xerox, la situation est toute autre depuis l’arrivée à sa tête de John Visentin, placé là par Carl Icahn, un des principaux actionnaires de la société. Après avoir mis fin à l’accord l’an dernier, le nouveau CEO a réussi à empêcher la fusion avec Fuji et à se débarrasser totalement de Fuji Xerox, la co-entreprise créée en 1964 avec le Japonais.  Pour relancer la croissance de l’entreprise, il a dévoilé en février dernier un plan triennal responsabilisant davantage les directeurs de division et rationalisaé la structure de l’entreprise pour la rendre plus réactive au marché.

Comme le rappelle CRN, les actions de Xerox ont progressé de 84% cette année et se négociaient avant l’ouverture ce jeudi à 37,66 dollars, un prix qu’elle n’ont plus approché depuis 2014.

« Ce sont des gens intelligents », a déclaré à nos confrères un grand patron du secteur en parlant de la nouvelle équipe du fabricant. « Ils sont nettement au-dessus de ceux qui ont dirigé Xerox. jusqu’à présent. Je ne pense pas que quiconque ait vu venir cet accord avec HP, mais si quelqu’un peut y parvenir, c’est Icahn. »