Donald Trump va-t-il applique la méthode utilisée pour ZTE à Huawei ? Ce n’est pas impossible. Après avoir annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre du constructeur chinois empêchant ce dernier de se fournir auprès des entreprises américaines, l’administration américaine fait machine arrière. A l’en croire, provisoirement. Elle vient en effet d’accorder un délai de grâce de 90 jours pendant lesquels Huawei est autorisé à acheter des équipements et composants à ses fournisseurs américains afin de de ne pas porter préjudice aux clients US du fabricant. Jusqu’au 19 août, Google sera par ailleurs autorisé à fournir les mises à jour d’Android, la partie open source du système d’exploitation n’étant quant à elle pas soumise aux restrictions.
Est-ce sur ce dernier que le fabricant chinois a bâti son OS maison HongMeng ? Mystère. Toujours est-il que le fondateur d’Huawei, Ren Zhengfei, a expliqué à la presse de son pays que le gouvernement américain sous-estimait les capacités de l’entreprise, ajoutant qu’un système d’exploitation concurrent d’Android était dans les cartons. Il y deux mois, sa société avait déjà indiqué à un journal allemand qu’une alternative à Android était prévue.
En accordant une licence provisoire, l’administration US joue sur deux tableaux. D’une part, elle donne un certain délai – pouvant être reconduit – aux entreprises et aux opérateurs américains pour prendre leurs dispositions. D’autre part, elle fait pression sur le gouvernement chinois afin de l’obliger à retourner à la table des négociations commerciales mais en position de faiblesse. Elle risque toutefois d’être déçue car Pékin a lui aussi des armes à sa disposition. Le pays assure 95 % de la production des terres rares,indispensables aux industries technologiques, notamment pour la fabrication des téléphones portables, ordinateurs, véhicules électriques ou encore des éoliennes. L’Afrique est également pourvoyeuse de ces terres mais comme on le sait, la Chine est très présente sur ce continent où elle finance de très nombreuses infrastructures et équipements. Elle pourrait donc faire pression sur les gouvernements locaux pour se réserver ces ressources afin d’alimenter sa production intérieure, ce qui aurait notamment comme résultat de faire monter les prix.
Quoi qu’il en soit, selon Reuters, qui s’appuie sur un rapport de l’Information Technology & Innovation Foundation, les entreprises américaines pourraient perdre jusqu’à 56,3 milliards de dollars en ventes à l’exportation sur cinq ans en raison de contrôles à l’exportation rigoureux sur les technologies impliquant Huawei, ou d’autres fabricants. Jusqu’à 74.000 emplois pourraient par ailleurs être perdus. Comme on le voit, Donald Trump joue gros.