Des salariés d’Oracle ont décidé de débrayer ce jeudi pour protester contre la collecte de fonds que le fondateur et CTO d’Oracle, Larry Ellison, a organisé mercredi dans sa propriété de Rancho Villa dans le sud de la Californie afin de soutenir la réélection de Donald Trump. Ce dernier participait à l’événement.

Rassemblés au sein d’un comité « Employees for Ethics », ils estiment que Larry Ellison ne respecte pas les valeurs fondamentales d’Oracle en matière de diversité, d’intégration et de conduite éthique des affaires. « Cette manifestation publique effrontée nuit à notre marque, à la fois en tant que prestataire de services et en tant qu’employeur mondial », peut-on lire sur le site du comité. Il encourage tous les salariés d’Oracle à débrayer à midi et à se porter volontaire ou à faire des dons pour résister aux politiques de l’administration Trump.

Larry Ellison a reçu les donateurs dans sa propriété et son golf privé de Rancho Mirage. Contre 100.000 dollars par couple, ils étaient pris en photo avec Donald Trump, pour 250.000 dollars ils pouvaient participer à une table ronde politique avec ce dernier.

Devant le tollé provoqué en Californie par sa levée de fonds, Larry Ellison – lequel est avec près de 70 milliards de dollars le cinquième homme le plus riche du pays – n’a fait aucune déclaration et n’était pas présent à l’aéroport pour accueillir le président à sa descente d’avion indique le Desert Sun, un quotidien de Palm Springs.

Jusqu’à présent l’homme d’affaires avait soutenu des candidats des deux bords au congrès, en privilégiant toutefois les Républicains. Il n’avait toutefois pas participé à la première levée de fonds en faveur eu président actuel. Ce dernier jouit d’une faible popularité dans la Silicon Valley rapporte le quotidien local et des employés d’entreprises comme Microsoft, Amazon et Google ont tenté de faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils rompent les contrats avec des agences gouvernementales comme les services de l’immigration.

Dans une interview accordée à Fox Business en octobre 2018, Larry Ellison avait déclaré qu’il s’inquiétait de la tendance « gauchiste » au sein d’entreprises comme Facebook, Google et Apple et avait approuvé la position agressive du président envers la Chine et sa décision de déménager l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. « Je pense qu’il est très important que notre système capitaliste démocratique gagne la bataille, gagne cette compétition avec la Chine. Nous ne voulons pas nous retrouver en deuxième position », avait-il ajouté.

Safra Catz, qui est désormais seule aux commandes d’Oracle, n’a quant à elle jamais caché son soutient à Donald Trump. En 2016, elle a fait partie de l’équipe de transition de ce celui-ci. Deux ans plus tard, elle a été pressentie pour le poste de conseillère à la Sécurité nationale en replacement du lieutenant-général MacMaster.

Mercredi, l’administration Trump s’est rangée du côté d’Oracle dans la querelle de la société avec Google au sujet de l’utilisation de Java dans Android.  Elle a demandé à la Cour suprême, qui doit se prononcer en mars prochain, de rejeter l’appel d’Alphabet qui conteste le jugement l’obligeant à verser 8 milliards de dollars de redevances pour l’utilisation de Java dans le système d’exploitation. La décision de la Cour suprême pourrait avoir de vastes implications pour l’industrie technologique. Comme le rappelle Fortune, cette décision intervient le jour même où le patron d’Oracle reçoit Donald Trump. « Un éventail remarquable de consommateurs, de développeurs, d’informaticiens et d’entreprises conviennent que les interfaces logicielles ouvertes favorisent l’innovation et qu’aucune entreprise ne devrait pouvoir monopoliser la créativité en empêchant les outils logiciels de travailler ensemble », a déclaré Google dans un communiqué. La filiale d’Alphabet soutient que la décision de la cour d’appel, si elle n’est pas annulée, rendra plus difficile le développement de nouvelles applications.