La semaine dernière, C’Pro et Quadria/Capea ont annoncé à la surprise générale leur rapprochement pour former un groupe de plus 1.000 personnes réalisant un chiffre d’affaires annuel de près de 300 millions d’euros à 60% dans le domaine de la bureautique et 40% dans la distribution et les services IT. Pieric Brenier, président de C’Pro et futur président du nouvel ensemble, a accepté de répondre à nos questions sur les tenants et aboutissants de cette opération.

Channelnews : Les deux groupes se connaissent et se cotoient depuis longtemps puisqu’ils appartiennent depuis plus de deux décennies au même groupement Euralliance’s. Mais ils avaient toujours tracé leur route indépendament l’un de l’autre. Alors pourquoi ce rapprochement maintenant ?

Pieric Brenier : En effet, Gilles Perrot et moi on se connaît très bien ainsi que Jean-Pierre Leconte, co-fondateur de Quadria avec Gilles, dont je suis très proche. C’est moi qui ai eu l’idée de ce rapprochement et qui l’ai proposé à Gilles Perrot en novembre. Après quatre années seul à la tête de l’entreprise qu’il avait fondé avec Jean-Pierre Leconte, il éprouvait le besoin de passer la main. Depuis six mois il cherchait un repreneur. Il a rencontré de nombreux fonds d’investissement et industriels dans cette perspective. Mais quand je lui ai proposé l’idée de ce rapprochement il a tout de suite été emballé. Au point de vouloir participer au nouveau match qui va se jouer. Il n’a fallu que huit jours pour nous mettre d’accord.

Channelnews : techniquement c’est C’Pro qui prend le contrôle de Quadria. Pourquoi ?

Pieric Brenier : Pour être précis, je suis détenteur avec ma famille de 96% du capital de C’Pro, qui va réaliser 22 millions d’euros de bénéfice avant impôts (Ebitda) sur l’exercice qui s’achève fin mars. De son côté, l’ensemble Quadria/Capea va réaliser 7 M€ d’Ebitda sur l’exercice. Je rachète la plus grosse partie des titres de Jean-Pierre Leconte, qui restait coactionnaire de Quadria/Capea. Gilles Perrot apporte les siens par augmentation de capital à la holding C’Pro qui se transforme en C’Pro Group. Quadria et Capea deviennent ainsi des filiales de C’Pro Group et Gilles devient actionnaire de C’Pro et de ses filiales.

Channelnews : Pourquoi n’est-il pas prévu de fusionner les sociétés, notamment sur la partie IT ?

Pieric Brenier : Le groupe détiendra à l’issue de l’opération six filiales principales : C’Pro Rhône Alpes, l’activité historique du groupe C’Pro, C’Pro Ouest – issu pour l’essentiel des rachats d’ABG, de Quadra et de Copy Concept ces deux dernières années – C’Pro Informatique, C’Pro Networks, Quadria et Capea. C’Pro Rhône Alpes, C’Pro Ouest et Capea sont spécialisée dans les systèmes et les services d’impression, tandis que Quadria et C’Pro Informatique sont positionnées sur les métiers de l’informatique et C’Pro Networks sur ceux de l’installation téléphonique et de la fourniture de liens télécoms.

Le modèle retenu est de conserver l’autonomie de ces filiales avec leur propre management, leur propre stratégie, et leur propre politique de croissance externe. L’idée, c’est de faire en sorte de chacune d’elle devienne référent dans son domaine en amalgamant autour d’un vaisseau amiral de plus petites sociétés exerçant la même activité. Ça a été la stratégie suivie par C’Pro Rhône-Alpes qu’on a dupliquée sur C’Pro Ouest. Et c’est celle que le nouveau groupe va suivre pour Capea, implantée dans le grand tiers Sud-Ouest de la France, mais qui a encore besoin de densifier sa couverture. Quant à Quadria et C’Pro Informatique, qui se distinguent non par leur implantation géographique mais par leur cible clients – la première adresse une clientèle de grosses PME et de grands comptes, tandis que la seconde est positionnée sur le marché PME – elles vont elles aussi rester autonomes et chercher à densifier leur couverture.

Channelnews : Dans ces conditions, quelles synergies pensez-vous tirer de ce rapprochement ?

Pieric Brenier : Comme on l’a vu, nous avons la chance que nos deux groupes aient une complémentarité quasi parfaite. Les synergies vont se situer dans le développement des ventes croisées. Nous pensons ainsi que C’Pro Rhône-Alpes, qui est détenteur de nombreux appels d’appels d’offre impression dans les comptes publics de sa région, peut aider Quadria à gagner un ou deux points de croissance organique via son parc clients. Nous pensons aussi à de la mutualisation de certifications, de hotline Sage – le groupe compte quatre centres de compétences Sage – et d’offres entre C’Pro Informatique et Quadria, qui a hérité d’ASP Line d’une activité PME. Capea va bénéficier du savoir faire de C’Pro en matière de fusions-acquisitions. On peut imaginer également des offres communes entre Quadria et Osilog, notre filiale francilienne spécialisée dans les consommables et l’impression, et dont la clientèle est très grands comptes. Mais ce rapprochement va surtout nous permettre d’accélerer la croissance externe.

Channelnews : pourquoi ?

Pieric Brenier : Nos deux groupes réunis vont dégager près de 30 millions d’euros de bénéfice sur l’exercice en cours. Cela va nous permettre de lever environ 100 M€ de dette que l’on compte consacrer au rachat de cibles stratégiques. On envisage notamment comme on l’a vu de racheter des sociétés de bureautique sur les zones où nous sommes déjà implantés, mais aussi des sociétés informatiques, des éditeurs (GED, dématérialisation, workflows…), des opérateurs ou des installateurs télécoms… depuis que nous avons annoncé le rapprochement, nous avons déjà reçu quatre ou cinq propositions d’indépendants qui souhaitent participer au projet. On aura sans doute de nouvelles intégrations avant l’été. Pour rappel C’Pro a réalisé plus de 70 acquisitions depuis sa création, dont une dizaine (Bayard Informatique, SRMI, Quadra, ID Copies 22 sur la seule année 2017).

Channelnews : le rapprochement effectif est prévu au deuxième trimestre. Le temps de finaliser les négociations et d’apurer des délais légaux ?

Pieric Brenier : Non. Tout est déjà négocié. Comme je vous l’ai dit, on s’est mis d’accord en huit jours. On a eu l’accord des CE le 10 janvier et on a signé la lettre d’intention dans la foulée. Non, on préfère finir l’exercice pour ne pas polluer les comptes. L’opération aura donc lieu le 1er avril juste après la cloture.