Selon le Digiworld 2010 publié par l’Idate, les industries et marchés du numérique ont retrouvé le niveau d’activité de 2008. Grâce à la demande des pays émergents et à la reprise du marché nord-américain. Mais le marché européen reste en berne, et l’embellie est encore mal assurée.

 

Avec une croissance de 3% du chiffre d’affaires mondial estimé à 2754 milliards d’euros, 2010 peut être considéré par l’ensemble des acteurs du numérique comme une année de rattrapage. Mais, s’empresse de souligner l’Idate, le constat est à nuancer selon les segments. Et selon les continents. En résumé : un mieux mondialisé du côté des services, plus léger en Europe, sauf pour les services TV, en nette croissance; et une embellie encore mal assurée du côté des équipements. Le secteur de l’Internet pris au sens large (connectivité, services logiciels, contenus) en forte progression pourrait atteindre 20% à moyen terme du marché des services contre 8% aujourd’hui. Avec notamment les croissances spectaculaires en volume sur certains segments (vidéo en ligne, réseaux sociaux notamment).

 

Entre autres événements marquants, l’Idate retient quatre tendances à surveiller. D’abord , le foisonnement et l’innovation autour des terminaux : les paris réussis d’Apple avec l’iPad et de Google avec Android, mais aussi l’alliance Nokia-Microsoft, et la TV (enfin) connectée. Ce qui induit, pour l’Idate, une interrogation majeure qui courra tout 2011 au moins: dans la grande bataille des écosystèmes de l’Internet, les terminaux mèneront-ils la danse? (Will the device be really the king?)

 

Ensuite, les bons débuts de la LTE (Long Term Evolution) ou Super 3G, dans un contexte très différent de celui de la 3G/UMTS. Un contexte qui dépend cependant du dynamisme relatif du marché de l’internet mobile, nettement plus réactif outre-atlantique (revenus data des opérateurs en croissance de +20% en revenus) qu’en Europe (+10%). D’où la question : l’engouement pour les smartphones et les politiques tarifaires des opérateurs européens leur permettront-ils de réduire l’écart et de renouer avec la croissance?

 

Troisième tendance majeure : le retard de l’Europe pour le déploiement de la fibre (FTTx) livré aux « hésitations et impatiences » des opérateurs et aux fortes incertitudes concernant le retour sur investissement, comme le résume l’Idate. Aucun des grands marchés européens ne semble aujourd’hui disposer de la « recette » qui assure un déploiement rapide. Verra-t-on la situation se débloquer dans l’ (les) année(s) à venir? Avec plus d’audace dans les investissements ? Et, pour les usagers, une offre tarifaire, des contenus et des services susceptibles d’amorcer la pompe (et le ROI)?

 

Quatrième point-clé : la neutralité du Net. D’un côté, la situation s’est éclaircie avec, de part et d’autre de l’atlantique, un certain consensus autour des principes de non discrimination dans l’accès aux services et applications, de gestion transparente du trafic, et de segmentation des accès selon les services managés, sans remettre en cause le principe de l’open Internet. Sous un autre angle, la situation se complique du fait, notamment, de la croissance et de l’asymétrie du trafic, qui justifierait une contribution des grands agrégateurs de contenus au financement des infrastructures.