Depuis quelques années, les intégrateurs de logiciels Sage doutent. C’est le constat de Xavier Gerardin, DG de Project SI et surtout co-président de Sagesse, l’association de défense des intérêts des intégrateurs Sage. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Il y a d’abord eu une perte de lien entre Sage et son réseau dont l’un des déclencheurs a été la restructuration de Sage France il y a un an, qui s’est traduite par des suppressions d’emploi et des fermetures d’agences. Un lien que la nouvelle direction, incarnée par Laurent Dechaux (DG) et Brieuc Courcoux (directeur du channel), s’emploie toutefois à recréer depuis quelques mois, via des réunions stratégiques partenaires mensuelles.

Il y a également l’arrivée du Cloud qui crée beaucoup de perplexité dans le réseau de distribution. « Les partenaires Sage ont le sentiment de naviguer entre deux eaux », selon Xavier Gerardin. Après des années d’atermoiements et un premier lancement raté, Sage est en passe d’achever la mise en place des ressources nécessaires au déploiement massif de sa première solution véritablement SaaS (Sage Live). « Avec cette offre, on revient sur un marché de primo acquisition, analyse Xavier Gerardin. Cela va remettre en question les habitudes de commercialisation et obliger le réseau à réinvestir tout en brouillant la valorisation des fonds de commerce, pénalisés par la multiplication des modèles contractuels ». Et beaucoup se demandent encore s’il y a un marché pour les solutions de gestion SaaS.

Signe de ce manque de confiance dans l’avenir, « il n’y a plus de nouveaux entrants dans le réseau Sage » alors que le marché a tendance à grossir porté par l’actualité réglementaire (GDPR, prélèvement à la source, bulletin de paie simplifié, etc.). Et, faute d’avoir suffisamment recruté et formé de jeunes consultants, les partenaires « se demandent comment ils vont bien pouvoir répondre à la demande à l’heure où tous les voyants sont de nouveau au vert ».

Dans ce contexte de marché en transition, Project SI est néanmoins parvenu à tirer son épingle du jeu. L’entreprise a clos son dernier exercice fiscal en juin dernier sur une croissance de 27% de ses revenus à 6,8 M€. Et la tendance est la même sur l’exercice en cours, qui devrait s’achever sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 8,5 à 9 M€. Au-delà de l’actualité légale, l’activité a été portée par le virage vers les services managés, l’infogérance, le Cloud et les infrastructures (systèmes et réseau). En l’espace de quatre-cinq ans, l’entreprise a fait monter leur part de 25% à 50% de ses facturations.

L’intégrateur a notamment bénéficié de la forte poussée d’Office 365 et d’Azure. Xavier Gerardin décrit ainsi Office 365 comme « un formidable cheval de Troie pour rentrer chez les clients et leur poser un système de gestion hébergé sur Azure ». Autre facteur de croissance : la montée en puissance de l’offre Cegid dans son mix produit, et le développement de l’analytique (avec notamment Report One). Et, en guise de relai de croissance, l’intégrateur se prépare à développer de nouvelles expertises dans la gestion des ressources humaines et la gestion de documents.

Finalement, à l’instar de beaucoup de ses confrères, le plus gros problème auquel se trouve aujourd’hui confronté Project SI est celui de sa bande passante. D’où sa décision de recruter, en s’insérant notamment dans le programme de reskilling que Sage s’apprête à mettre en place en partenariat avec le groupe formation informatique Fitec, pour aider ses partenaires à sourcer et former de jeunes consultants sur Sage Live.