Selon une étude de l’Observatoire B2V des Mémoires réalisée en partenariat avec l’institut de sondages IFOP. 69% des Français pensent que l‘intelligence artificielle est amenée à prendre un essor considérable avec le Big Data. Cette évolution inquiète 65% de nos compatriotes. Ils sont en effet très nombreux (68%) a estimer que le Big Data fera l’objet d’une utilisation très importante à long terme par les pouvoirs publics et les entreprises (profilage des individus, surveillance).  Ils sont un peu moins nombreux (67%) a estimer que l’utilisation de ces données présente des avantages à court terme pour la santé et le bien-être des individus (meilleure prévention des maladies et des risques, traitements plus adaptés, découvertes scientifiques, etc.).

«L’analyse plus fine qu’autorise l’enquête montre que les réponses dépendent fortement du sexe, du niveau d’éducation, de l’âge et de la région, explique Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) et directeur de l’équipe ACASA du laboratoire d’informatique de Paris VI (LIP6). Ainsi, 73% des hommes, 78% des cadres et professions libérales et 83% des bac + 2 pensent que l’intelligence artificielle et les masses de données prendront un grand essor à l’avenir, contre seulement, 65% des femmes, 57% des artisans et commerçants et 63% des niveaux d’études inférieurs au baccalauréat. Symétriquement, 67% des femmes s’inquiètent des progrès de l’intelligence artificielle contre 63% des hommes. Et, curieusement, 69% des 25 à 34 ans s’inquiètent, presque autant que les 65 ans et plus (70%), là où seulement 64% des 35 à 65 ans et 50% des 18 à 24 ans manifestent leur inquiétude. 70% des personnes de la région et de l’agglomération parisienne s’inquiètent, là où seulement 62% des habitants du nord-ouest et 58% du sud-ouest s’inquiètent. Et, enfin, 72% des bac +2 s’inquiètent là où seulement 61% des personnes qui ont un niveau d’études inférieur au baccalauréat s’inquiètent. Il existe donc des effets de génération dans les craintes qui ne tiennent pas simplement à la jeunesse, à l’âge et au niveau d’éducation.

Une autre information marquante porte sur la perception des risques et des bienfaits : 85% des professions libérales et des cadres supérieurs et 82% des diplômes supérieurs pensent que l’intelligence artificielle et les masses de données serviront au profilage et à la surveillance, tandis que 64% des artisans et commerçants, 61% des niveaux d’études inférieurs au baccalauréat et 62% des retraités s’en avisent. Symétriquement, la répartition géographique des personnes qui pensent que l’intelligence artificielle et les masses de données auront, à court terme, un effet positif sur la santé et le bien-être individuel, diffère grandement : 73% pour la région parisienne et 66% pour la province, avec 62% pour le sud-est… Il apparaît clairement que l’utilisation des masses de données et de l’intelligence artificielle suscite des craintes même auprès des couches de la population les plus averties.»