Nous terminons notre série d’articles consacrés au Green IT par un survol des entreprises et en lançant quelques pistes qui devraient leur permettre de faire un premier pas vers le développement durable.

 

Une étude récente de Gartner l’affirmait bien haut « 67% des entreprises européennes ne vont pas réduire leurs investissements dans le green IT et 10% vont les augmenter malgré la crise. » Ainsi donc le développement durable ferait désormais partie des préoccupations des entreprises ? Pour Marie Daelman, consultante Green IT chez Enora, c’est loin d’être le cas. « Quelques entreprises s’y mettent. Cependant, ce n’est pas encore entré dans les mœurs. »


Adrien Porcheron, directeur général adjoint du cabinet conseil spécialisé en développement durable Dotgreen, est plus nuancé. Tout comme Raphaël Ducasse, il opère une distinction entre grands comptes et PME. « Ces dernières souffrent d’une certaine incompréhension à l’égard du Green IT, contrairement aux grands comptes qui ont un responsable développement durable et une vraie volonté d’aller de l’avant dans ce domaine. »

 

Pour beaucoup de DSI et de chefs d’entreprise, Green IT signifie surcoût. Or c’est loin d’être le cas. On peut avoir un début de démarche éco-responsable sans investir un centime. « Le comportement des utilisateurs est un levier important d’une politique de développement durable. La veille prolongée des écrans, l’optimisation des impressions est une étape facile à mettre en place », estime Marie Daelman.

 

Mêler ROI et développement durable

 

D’ailleurs beaucoup d’entreprises participent à la protection de l’environnement sans le savoir. « Typiquement, la visioconférence est perçue comme un outil de réduction des coûts de transport et non comme une solution permettant d’économiser du Co2 », affirme Adrien Porcheron, qui prône « une démarche pragmatique mêlant ROI et développement durable ».

 

« La virtualisation, la GED, le travail collaboratif, les systèmes d’impression et les démarches d’achat éco-responsable sont des pistes assez faciles à mettre en place. Les labels comme Energy Star sont également des axes de réflexion pour les acheteurs », estime l’éco-consultant qui s’étonne d’autre part du peu d’intérêt suscité par le développement durable auprès de ses collègues.

 

« Aujourd’hui peu d’acteurs sont positionnés sur ce marché, malgré l’effet buzz des constructeurs et des éditeurs ». Il est vrai qu’à l’occasion du dernier salon Partner IT, GFK avait interrogé 224 VARs. A peine 41% d’entre eux percevaient le green IT comme un facteur de croissance.

 

Evangéliser les pouvoirs publics ?

 

Il n’y a d’ailleurs pas que ces derniers a évangéliser si l’on en croit l’expérience d’Internet FR. Sensibilisé aux problèmes environnementaux, le spécialiste de l’infogérance a souhaité mettre en place un certain nombre de mesures pour réduire la consommation d’énergie. L’entreprise voulait notamment recycler la chaleur produite par le data center.

 

« Comme nous ne pouvons pas traiter le problème nous-mêmes, nous sommes confrontés à un véritable nuage d’autorités publiques. Nous avons tout d’abord demandé l’avis d’EDF. Nous attendons toujours leur réponse. Nous avons ensuite proposé de mettre la chaleur à disposition des gestionnaires d’énergie. Ceux-ci n’ont pas marqué le moindre intérêt. Pour l’ADEME (NDLR : Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’énergie) nous sommes trop petits. Nous avons eu aucun retour, ni du maire, ni du ministre, ni du député à qui nous avons écrit », nous expliquait récemment Dominique Morvan, directeur général.

 

La route vers un développement vraiment durable est encore longue.