Le spécialiste de l’infogérance Internet FR revendique l’hébergement de 15.000 sites professionnels. Son DG Dominique Morvan évoque les difficultés à mettre en place le Green IT et ses craintes pour 2009.

 

Channelnews : Internet Fr a l’ambition de devenir un hébergeur vertueux en matière d’environnement, ce qui pose apparemment quelques problèmes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Dominique Morvan : Les conditions économiques nous obligent à maîtriser la consommation énergétique. L’augmentation du prix du pétrole entraîne une augmentation du coût de l’électricité. Chez Internet FR nous sommes très sensibles à cela car nous avons un établissement en Italie où le courant électrique coûte 3 fois plus cher qu’ici.

D’autre part, il y a une prise de conscience générale des problèmes d’environnement, qui se traduit par la vague Green IT et par les actions des grands acteurs en faveur du cloud computing et de la virtualisation.

La plupart des annonces de Google et de Microsoft vont dans ce sens. Nous devons donc nous positionner, prendre part au débat. D’autant plus que le prix du pétrole ne peut qu’augmenter. C’est pourquoi nous avons ouvert une nouvelle salle s’appuyant sur des composants permettant de réduire la consommation électrique. C’est là qu’il y a un problème.

 

Quel problème ?

 

Dominique Morvan : Les constructeurs informatiques affirment que leurs équipements sont plus économes en énergie alors que c’est le contraire. Bien sûr, les composants sont moins voraces mais plus nombreux, les machines étant plus sophistiquées, ce qui se traduit par une augmentation de la consommation.

Nous avons ainsi des machines Dell qui consomment 450 watts, soit 100 watts de plus que nos anciens équipements. Il est vrai qu’ils étaient moins performants sur le plan de la sécurité, de la vitesse de rotation des disques, des opérations de contrôle.

Cela pose un autre problème. Chaque fois que vous consommez n watts vous produisez de la chaleur, ce qui augmente encore la facture électrique. Dans nos anciens datacenters nous utilisons ainsi 80% d’électricité en plus pour refroidir les équipements. Aujourd’hui, nous avons mis en place un nouveau système qui ramène cela à 30 ou 40% de plus.

 

Vous ne récupérez pas la chaleur ?

 

Dominique Morvan : C’est là que les ennuis arrivent. Comme nous ne pouvons pas traiter le problème nous-mêmes, nous sommes confrontés à un véritable nuage d’autorités publiques. Nous avons tout d’abord demandé l’avis d’EDF. Nous attendons toujours leur réponse. Nous avons ensuite proposé de mettre la chaleur à disposition des gestionnaires d’énergie. Ceux-ci n’ont pas marqué d’intérêt. Pour l’ADEME (NDLR : Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’énergie) nous sommes trop petits. Nous avons eu aucun retour, ni du maire de Massy, ni du ministre, ni du député à qui nous avons écrit.

Pour transporter de la chaleur sans perte, il faut mettre une infrastructure en place. Nous pouvons faire les investissements nécessaires à condition qu’il y ait quelque part un gain nous permettant de rentrer dans nos frais. Les pouvoirs publics doivent allez plus loin. Aujourd’hui, ce qui reste de chaleur est rejeté dans l’atmosphère. Je dois vous dire que ça coince un peu car j’ai un actionnaire, la famille Juto-Husson, qui est très sensibilisé à la cause de l’écologie.

Les grands acteurs de l’infogérance sont eux aussi sensibilisés. Nous devons prendre cela en compte, d’autant plus que la rentabilité est aujourd’hui dans l’image. Il faut donc nous différencier d’eux. Nous le faisons aujourd’hui en proposant si l’on peut dire de la confidentialité dans la confidentialité. Ce que n’offrent pas des grands acteurs comme Google ou Microsoft sont dans le marketing « one to one ». Le modèle Saas permet de connaître beaucoup de choses sur le client. Ce n’est pas le cas chez nous.

 

Vous êtes inquiets pour 2009 ?

 

Dominique Morvan : Oui, pour plusieurs raisons. Aujourd’hui nous avons beaucoup d’activité grâce à des projets déjà qualifiés. Toutefois nous ne voyons pas beaucoup de projets en gestation. On se pose donc des questions. D’autant plus que la crise peut également toucher nos clients actuels. Nous sommes donc prêt s’il le faut à réduire la voilure, à diminuer le budget communication, les frais de documentation etc.

Nous ne toucherons cependant pas au personnel. Ceci dit, nous visons malgré tout les 9 millions d’euros de chiffre d’affaires en France sur 2009, ce qui représente une progression de 20% par rapport à 2008. Comme lors de l’exercice précédent.