Avec vSphere 4.1, VMware apporte un ensemble d’amélioration importantes pour faciliter la mise en oeuvre d’infrastructures en nuage, publiques ou privées. Mais face à la concurrence de Citrix, Microsoft et Red Hat, l’éditeur reste inflexible sur les prix.

 

Le numéro un mondial des logiciels de virtualisation pour serveurs x86, VMware, a annoncé mardi 13 juillet le lancement du dernier opus de son hyperviseur serveur, VMware vSphere 4.1. Une version dont l’objectif principal est de répondre aux besoins des grandes entreprises.

vSphere 4.1 doit en effet servir de fondation aux efforts de l’éditeur dans le cloud, des efforts qui devraient enfin se concrétiser à VMworld à la fin août avec le lancement de VMware vCloudService Director (ex-projet Redwood). L’occasion enfin de voir émerger en masse des offres de cloud siglées «VMware vcloud» de la part des grands opérateurs et fournisseurs de services tels qu’Orange Business Services, Colt…

Des caractéristiques dopées pour la constitution d’infrastructures à grande échelle

Concrètement, vSphere 4.1 va permettre le doublement du nombre de machines au sein d’un même pool de ressources avec jusqu’à 3000 VM par cluster, mais aussi le triplement du nombre de serveurs physiques gérés par une seule instance de vCenter, l’outil d’administration associé à vSphere. Ce nombre est désormais porté à 1000 serveurs. Dans le même temps, le nombre de VM actives que peut gérer un serveur vCenter a été porté à 10000, soit trois fois plus que pour la version 4.01.

Une autre nouveauté mise en avant par VMware est l’arrivée d’une technologie de compression de mémoire vive (selon un principe similaire à celui qu’offre IBM sur ses serveurs Power 7» qui selon l’éditeur permet de réduire l’empreinte mémoire des VM de près de 30%. D’après VMware, cette technologie a un autre bénéfice, celui de préserver les performances des serveurs sous forte charge. Dans ce cas précis, les gains de performance peuvent «atteindre 25 % par rapport aux précédentes implémentations». Reste qu’aucune information n’est fournie sur l’impact négatif qu’aura sans nul doute la compression de mémoire si elle est activée sur des systèmes traditionnels. Les administrateurs devront donc mener leurs propres tests et POC pour évaluer s’il est pertinent d’activer la technologie et si oui, sur quels types de serveurs.

Parmi les autres améliorations, VMware note l’accélération des migrations de machines virtuelles (vMotion) par un facteur pouvant atteindre cinq . Au passage le nombre d’opérations de vMotion simultanées qu’un serveur peut supporter a été porté à huit.


Une nouvelle API pour les baies de stockage SAN

L’une des autres nouveautés importantes de vSphere 4.1 est l’arrivée d’ue nouvelle API vStorage, baptisée vStorage API for Array Integration. VAAI permet à l’hyperviseur de déléguer aux baies SAN certaines fonctions qu’elles peuvent réaliser bien plus vite que lui (type clonage de machine virtuelle, déplacement de VM…). L’API permettra aussi à vSphere de se décharger de la gestion des verrous sur les baies, de quoi éviter les verrous sur un LUN qui ont par le passé posé quelques problèmes à des clients dans de grands clusters. Il est à noter que les bénéfices de VAAI ne s’étendent pour l’instant pas aux volumes NFS mais uniquement au stockage iSCSI et Fibre Channel (FC).

VMware souligne enfin l’arrivée dans vSphere 4.1 de mécanismes bien plus granulaires de gestion des entrées/sorties, des mécanismes qui vont permettre aux administrateurs de gérer bien plus finement l’allocation des ressources réseau et stockage disponibles pour chaque machine virtuelle.

Des licences mises à jour pour supporter jusqu’à 12 coeurs CPU

Terminons en signalant que les modalités de licence de vSphere – et les tarifs (voir encadré ci-dessous) – ont été revues afin de s’adapter à la nature des nouveaux processeurs multi-coeurs du marché. Ainsi, les éditions Standard et Entreprise supportent désormais jusqu’à 6 coeurs physiques par processeur, tandis que les versions Advanced et Entreprise Plus supportent jusqu’à 12 coeurs physiques par processeur.

Les entreprises utilisant les tous derniers processeurs Xeon 7500 d’Intel et Opteron 6100 d’AMD peuvent donc désormais utiliser les versions haut de gamme de l’hyperviseur sans souci. Du moins jusqu’à la prochaine révision des plates-formes des deux fondeurs qui devrait intervenir au printemps 2011. Intel proposera alors des processeurs à 10 coeurs physiques (20 logiques) tandis qu’AMD devrait passer à 16 coeurs physiques. Les acheteurs de grands comptes devront donc veiller à ce que VMware prennent en compte ces évolutions, des évolutions que les modèles de licence par socket de Microsoft et de Citrix prennent automatiquement en compte…

Pour les PME, ce sera moins cher… ou plus cher

A l’occasion du lancement de vSphere 4.1, VMware s’est fendu d’un communiqué spécifique pour annoncer une offre étendue dédiée aux PME. Dans la pratique, rien de tel : l’offre en termes de packages reste inchangée et si l’éditeur baisse le prix officiel de son offre d’entrée de gamme, il augmente les autres offres PME de 15% suite à l’inclusion des fonctions de vMotion. Quant à l’annocne qui consiste à prsente VMware Hypervisor comme gratuit, elle n’a rien de nouveau, puisque ESXi est déjà gratuit depuis juillet 2008.

Côté tarifaire, le passage de 995 $ à 495 $ pour vSphere Essentials (licence pour trois serveurs bi-processeur) ne fait que confirmer l’état de «promotion» qui existait depuis plus d’un trimestre et qui faisait que la solution PME phare de VMware était déjà affichée à ce prix.

Cette bonne nouvelle à peine énoncée, l’éditeur annonce l’arrivée de vMotion dans les éditions Standard et Essentials Plus de son offre, des packages qui en étaient jusqu’alors dépourvus. Dans la pratique, cela veut dire qu’à l’exception du package d’entrée de gamme, toutes les éditions de vSphere supportent désormais vMotion. Mais VMware se garde bien d’expliquer le prix à payer pour cet ajout. L’arrivée de vMotion dans l’édition standard fait ainsi passer son prix de 795 $ par processeur à 995 $ par processeur. De même le package pour PME, vSphere Essential Plus passe de 2995 $ à 3495 $ avec l’ajout de vMotion. Avec les récentes évolutions de l’euro, la facture devrait donc être douloureuse pour les PME européennes.

Dans la pratique, sous couvert d’apporter plus de fonctionnalités aux PME, VMware a donc accru la fracture tarifaires entre les utilisateurs d’Essentials et ceux qui utilisent Essential Plus. Un jeu dangereux. Rappelons en effet que la mobilité en live de machines virtuelles est une des fonctions de l’hyperviseur gratuit XenServer de Citrix, qui n’à guère à envier aux éditions de base de vSphere. La mobilité des VM est aussi une fonction gratuite d’Hyper-V (même s’il faut une licence de l’outil d’administration System Center Virtual Machine Manager pour disposer d’une interface graphique pour déplacer les VM, sous peine de devoir le faire en mode ligne de commande avec PowerShell ). Enfin, toutes les distributions Linux utilisant Xen ou KVM proposent également des fonctions de mobilité gratuites. Or, dans un marché PME qui est encore largement à conquérir, VMware n’a pas l’avantage dont il jouit dans les grands comptes. Et en pêchant par gourmandise, il pourrait bien faire le jeu de ses concurrents.

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