L’événement « écosystème » de la cybersécurité, qui s’est ouvert ce 5 avril à Lille pour trois jours, tient son rang malgré les défections de dernière minute – et alors que leurs stands étaient réservés – du ministère des Armées, de l’Anssi et d’Acyma.

Des défections loin d’être anodines, sachant que le Forum international de la Cybersécurité a été créé par un corps militaire, la Gendarmerie nationale – du reste, toujours détentrice de la marque FIC –, et que l’Armée est traditionnellement présente en nombre sur le FIC via des services tels que la direction de renseignement militaire ou le commandement de la cyberdéfense.

Raison officiellement annoncée : la très forte inflation des coûts du salon. Mais, selon Challenge qui a révélé l’information, la cause serait plutôt le « risque réputationnel » qu’il y aurait à travailler avec Avisa Partners, co-organisateur du salon (via sa filiale CEIS), dont les activités d’influence ont été épinglées par la presse et les services de renseignement.

« Un psychodrame typiquement français, complètement décalé par rapport à la situation opérationnelle et stratégique sur le front de la cybersécurité, a balayé lors d’un entretien accordé à Channelnews, Guillaume Tissier, directeur du Forum et président de CEIS, faisant référence à la cyberattaque qui continue de paralyser une partie des services de la mairie de Lille. Le salon accueille des centaines de RSSI de collectivités locales et d’établissement de l’État qui attendraient plutôt un discours de mobilisation de la part des Armées ».

S’il reconnaît que la polémique est dommageable pour l’image du salon, il assure qu’elle n’a en rien affecté sa préparation et son déroulement. De fait, les premiers chiffres sont éloquents. C’est un succès tant en termes d’exposants que de fréquentation, avec 650 stands commercialisés (contre 550 l’année dernière et 450 l’année précédente) sur 20.000 m2 d’espaces d’exposition, et au moins 16.000 visiteurs physiques attendus (contre 14.500 l’année dernière).

Un carton que confirment unanimement les exposants qui apprécient la quantité et la qualité de visitorat. « On rencontre de très bons profils : RSSI, DSI, CEO, mais aussi jeunes diplômés », se félicite le patron d’un intégrateur, qui voit dans l’événement l’opportunité de détecter des projets mais également de recruter. Des exposants qui saluent au passage les efforts de l’organisateur pour fluidifier les flux de circulation des visiteurs, la richesse du programme de conférences, les stands plus travaillés que jamais…

On notera la présence de plus en plus massive des offreurs de services (ESN, intégrateurs, infogéreurs, hébergeurs…) au côté des éditeurs et des équipementiers. Parmi ces offreurs de services, de plus en plus d’entreprises issues du monde des infrastructures et des réseaux, comme Antemeta, Cheops Technology, Computacenter, Exaprobe ou ITS Group, qui ont développé des expertises cyber et qui veulent le faire savoir.

D’après les exposants rencontrés sur place, les demandes des visiteurs tournent essentiellement autour de sujets tels que les services de sécurité autour du Cloud, les services de SOC managé et les services managés d’accès à distance sécurisés (SASE). Des visiteurs très en demande d’externalisation donc. Alors que le robinet du financement des startups donne des signes inquiétants de tarissement et que les grands fournisseurs américains licencient massivement, les entreprises de services numériques présentes au FIC n’anticipent aucun ralentissement de leur activité dans les prochains mois et continuent de se montrer particulièrement optimistes.