La Commission européenne a approuvé lundi le rachat de l’éditeur américain de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars. L’autorisation est subordonnée au respect intégral des engagements proposés par Microsoft mais, après enquête, la Commission estime que « les engagements remédient pleinement aux problèmes de concurrence soulevés par la Commission et représentent une nette amélioration par rapport à la situation actuelle en ce qui concerne les jeux en nuage ».

L’avis va dans le sens contraire de celui de la « CMA », le régulateur britannique, qui a annoncé le 26 avril sa décision de bloquer la méga-fusion, jugeant les risques trop élevés pour la concurrence.

La Commission estime d’abord dans son argumentaire que Microsoft n’est pas en position de nuire à la concurrence sur le marché des consoles en raison du poids du rival Sony : « Microsoft n’aurait aucun intérêt à refuser de distribuer les jeux d’Activision à Sony, qui est le principal distributeur mondial de jeux pour consoles, y compris dans l’Espace économique européen («EEE»), où pour chaque console Microsoft Xbox achetée, ce sont quatre consoles PlayStation de Sony qui sont achetées par les joueurs dans la distribution de jeux en Europe ». Elle identifie des risques en ce qui concerne la distribution des jeux par les services de streaming cloud mais considère que Microsoft y répond avec des licences gratuites accordées aux joueurs et aux fournisseurs de ces services pour une durée de 10 ans.

« Ces licences garantiront que les joueurs qui ont acheté un ou plusieurs jeux d’Activision dans une boutique pour PC ou pour consoles, ou qui ont souscrit à un service d’abonnement multi-jeux incluant des jeux d’Activision, auront le droit de diffuser ces jeux en utilisant le service de streaming de jeux en nuage de leur choix et de jouer sur tout appareil, peu importe le système d’exploitation utilisé », souligne la Commission. Elle voit donc une amélioration par rapport à la situation actuelle où Activision Blizzard ne concède pas de licence sur ses jeux aux services de streaming de jeux en nuage et ne les diffuse pas non plus en streaming.

Avec ce feu vert, Microsoft remporte une manche importante mais pas encore décisive puisqu’il reste à lever les blocages d’autres grands régulateurs. Au Royaume-Uni, Microsoft et Activision ont déposé un recours pour contester la décision de blocage de la CMA mais cette dernière campe sur ses positions.

Réagissant à la décision de la Commission européenne, Sarah Cardell, la directrice de la CMA, a affirmé maintenir sa position et déclaré : « Les propositions de Microsoft, acceptées aujourd’hui par la Commission européenne, permettraient à Microsoft de fixer les termes et conditions de ce marché pour les 10 prochaines années. Ils remplaceraient un marché libre, ouvert et concurrentiel par un marché soumis à une réglementation continue des jeux vendus par Microsoft, des plates-formes auxquelles il les vend et des conditions de vente. »

Quant à la Federal Trace Commission des États-Unis, elle a déposé une plainte en décembre pour bloquer l’accord, ce qui devrait contraindre là encore Microsoft à défendre sa position devant un tribunal.

En attendant, Brad Smith, président de Microsoft a salué sur Twitter la bonne nouvelle en précisant : « La Commission européenne a exigé de Microsoft qu’elle accorde des licences automatiques pour les jeux populaires d’Activision Blizzard aux services de jeux en nuage concurrents. Cette mesure s’appliquera à l’échelle mondiale et permettra à des millions de consommateurs dans le monde entier de jouer à ces jeux sur l’appareil de leur choix. »