Un mois après la fermeture des écoles et des commerces non essentiels, l’activité des prestataires IT est très affectée par le ralentissement économique qui a suivi. Comment les grossistes encaissent le choc et s’adaptent à cette situation exceptionnelle ? Le témoignage de Sophie Deleval, directrice générale d’Ingram Micro France.

Channelnews : L’activité de Ingram Micro France est-elle pénalisée par le confinement ? Si oui, dans quelle mesure ?
Sophie Deleval : Je ne souhaite pas communiquer sur l’impact chiffré du confinement, je peux simplement dire qu’il est suffisamment significatif pour que nous ayons recours aux ordonnances publiées en mars portant sur les aménagements en matière de congés payés et d’activité partielle.

En termes d’organisation, le télétravail a été mis en place pour toutes les fonctions qui le permettent.
Nos équipes logistiques continuent à assurer avec courage la continuité de notre activité et plusieurs personnes du siège social se sont portées volontaires pour venir leur prêter main forte.

L’impact du confinement se ressent aussi chez nos partenaires fournisseurs, transporteurs et chez certains de nos clients, qui peinent à livrer ou déployer chez leurs propres clients.

De manière générale je retiens que bon nombre de sujets ou projets longs ou difficiles à implémenter ont pu avancer significativement durant ces dernière semaines grâce à la mobilisation de toutes les équipes.

J’en profite pour saluer l’engagement, le dynamisme et l’exemplarité dont font preuve l’ensemble des collaborateurs Ingram Micro en cette période difficile.

Channelnews : Quels sont les produits les plus impactés et à l’inverse ceux qui le sont le moins – voire qui progressent ?

Sophie Deleval : Nous constatons globalement un ralentissement des projets infra, de nombreux grands comptes ayant stoppé leurs investissements.

À l’inverse, nos activités Cybersécurité, Cloud et Marketplace font face à une demande importante liée à la nécessité pour les entreprises de s’équiper durant le confinement.

Pour les mêmes raisons, les activités PC Systèmes et outils collaboratifs subissent également moins la perte de vitesse observée sur les autres business units.

Channelnews : Y a-t-il des catégories de clients (revendeurs/intégrateurs) plus affectées que d’autres ?

Sophie Deleval : Malheureusement, nos clients SMB (Small Medium Business) souffrent depuis plusieurs semaines, bien plus que nos revendeurs Large Accounts ou Intégrateurs.
Pour les aider à traverser cette crise, nos équipes Crédit se mobilisent afin de déterminer les solutions adaptées.

Par ailleurs, nos partenaires retail et e-commerce tirent globalement leur épingle du jeu, certaines grandes enseignes ayant appliqué une stratégie de « Click & Collect » qui s’avère payante.

Channelnews : Votre société a-t-elle pris (ou prévu de prendre) des mesures de chômage partiel ? Si oui pour quelle part de l’effectif ?

Sophie Deleval : Comme indiqué précédemment nous avons malheureusement dû recourir à l’activité partielle pour la quasi-totalité des nos activités à l’exception de la logistique.

Nous nous attachons cependant à limiter au maximum le recours à ce dispositif afin de soutenir nos collaborateurs et de maintenir la qualité du service que nous devons à nos partenaires.

Channelnews : Êtes-vous inquiet pour la solvabilité de vos clients ? Quelles mesures avez-vous éventuellement pris pour vous en prémunir ?

Sophie Deleval : Bien sûr nous savons que les prochains mois seront difficiles pour nos partenaires les plus fragiles, c’est la raison pour laquelle comme annoncé précédemment, une task force crédit a été créée afin de répondre au maximum et au cas par cas aux problématiques rencontrées.

Par ailleurs IMFS (Ingram Micro Financial Services) intervient plus que jamais pour financer les projets de nos partenaires, y compris pour financer des produits qui n’ont pas été commandé chez Ingram Micro.

Nous nous attachons par ailleurs à accompagner nos partenaires aux technologies dont leurs propres clients ont besoin en ce moment en développant les formations et Webinars digitaux.

Channelnews : Avez-vous constaté un renchérissement des coûts du transport ? Si oui, dans quelle mesure et pourquoi ?

Sophie Deleval : Dans le cadre des livraisons en métropole nous n’avons pas constaté de surcoût de la part de nos partenaires transporteurs, qui, au-delà des négociations annuelles que nous avons avec eux, jouent aussi le jeu de la solidarité et de la non-surenchère des coûts de prestations.

Channelnews : Pensez-vous qu’il sera possible de revenir rapidement au niveau d’activité d’avant crise une fois les mesures de confinement levées ou tablez-vous sur une reprise longue ?

Sophie Deleval : Ce qui est certain c’est que l’activité ne reviendra pas à la normale dès le 11 Mai. L’activité devrait reprendre « progressivement » et pas sans prérequis à respecter dont nous attendons les annonces par le gouvernement.  Malheureusement il nous est extrêmement difficile à ce stade de prévoir la date du retour à un niveau de business équivalent à celui que nous réalisions avant l’apparition du Covid.

Témoignage recueilli par mail le 14 avril 2020.