Atos a annoncé le 2 juillet être entré en négociations exclusives avec EP Equity Investment (EPEI), le fonds d’investissement du milliardaire Daniel Kretinsky, pour la cession de sa branche historique d’infogérance Tech Foundations (TFCo), pour une valeur d’entreprise de 2 Md€. Le projet prévoit un transfert de 1,9 Md€ d’engagements au bilan et un impact positif sur la trésorerie de 100 M€. Il sera soumis aux actionnaires lors d’une assemblée générale extraordinaire prévue au quatrième trimestre.

Si la scission du groupe en deux entités opérationnelles était annoncée depuis juin 2022, le projet prend une orientation nouvelle avec la cession de TFCo, qui emploie 52 000 des 107 000 collaborateurs du groupe et représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires (6 Md€ sur 11,3 Md€ en 2022). TFCo serait capitalisé à hauteur de 800 M€, conserverait la marque Atos et poursuivrait ses activités en tant que société privée.

Le reste du groupe serait ainsi recentré sur les activités en croissance de la transformation numérique, du big data et de la cybersécurité. Il serait renommé Eviden et coté en bourse via sa maison mère Eviden SE. Cette entité viserait une croissance annuelle moyenne de 7% sur la période 2022-2026, avec une marge opérationnelle d’environ 12 % en 2026 (contre 5,5% au premier semestre 2023).

Dans un communiqué, le président du conseil d’administration d’Atos Bertrand Meunier explique que la cession « créera de la valeur pour nos actionnaires en évitant le risque lié au redressement de TFCo et à ses divers passifs et en recentrant le Groupe sur Eviden et ses bonnes perspectives de croissance. »

Pour renforcer sa structure de capital, le groupe annonce par ailleurs deux augmentations de capital, une réservée à EPEI pour 180 M€ et une autre avec droits de souscription préférentiel (DPS) de 720 M€ pour les actionnaires. Le fonds EPEI s’est engagé à souscrire à la première au prix de 20€ par action, une prime de 62% par rapport au prix cours moyen pondéré sur 1 mois, pour prendre 7,5% du capital d’Eviden. Il souscrira à hauteur de 37,5 M€ à la seconde. Atos a annoncé par ailleurs 400 M€ de cessions d’actifs supplémentaires après une série déjà bouclée de 700 M€.

Ces nouvelles cessions d’actifs et ces augmentations de capital non prévues témoignent de la dégradation de la situation financière. Atos a brulé presque 1 Md€ de cash au premier semestre et ses pertes se sont creusées à 600 M€. La dette nette du groupe atteignait 2,3 Md€ à la fin juin. Le solde de cette dette nette après les cessions restera chez Eviden.

Après les résultats semestriels sanctionnés par une baisse de plus de 22% de l’action en bourse, le projet de cession a encore accru la défiance des investisseurs, le titre perdant près de la moitié de sa valeur sur 5 jours.

Atos devra clarifier les détails de son plan pour convaincre les actionnaires de l’approuver. Une journée Investisseurs est d’ailleurs prévue avant l’assemblée générale extraordinaire pour clarifier la feuille de route et les perspectives financières d’Eviden. Reste à voir aussi comment se positionneront les prétendants déjà connus, dont Thales et Airbus qui convoitent les actifs de cybersécurité ou encore David Layani (OnePoint) sur la partie transformation numérique.

Si le projet est mené à son terme, Atos marchera dans les pas d’IBM qui a suivi une stratégie similaire en opérant son spin-off avec Kyndryl. Les premiers trimestres ont été prometteurs pour Big Blue mais sa croissance s’est fortement réduite avec la dégradation du contexte économique. Kyndryl  a mené une stratégie de partenariat tout azimut et vise un retour à une croissance rentable dans un délai de trois ans.