Le CEO de SAP, Bill McDermott, 58 ans, va quitter la société à la fin de l’année pour laisser la place à un tandem après avoir assuré « une transition en douceur ». C’est surprenant, d’autant plus qu’au même moment l’éditeur allemand annonce des résultats trimestriels IFRS beaucoup plus qu’honorables : le chiffre d’affaires grimpe de 13% à 6,79 milliards d’euros, les revenus générés par le cloud bondissent de 37% pour atteindre 1,79 milliard d’euros, les réservations cloud s’envolent de 38% et le bénéfice décolle de 36% pour atteindre 1,68 milliard d’euros ou 1,04 dollar par action. « L’avenir est prometteur », commente le CEO dans un communiqué.

Cela n’empêche pas ce dernier de partir après 17 ans de présence dans la société dont près de 10 ans à la direction générale. Faut-il y voir le résultat de l’entrée au capital du fonds activiste Elliott Management ? Mystère.

Il semble toutefois que le processus ait été enclenché depuis un certain temps. Commentant la nouvelle, le président du conseil de surveillance et cofondateur de la société, Hasso Plattner, indique en effet que Bill McDermott et lui ont pris il y a un an la décision d’élargir les rôles de Jennifer Morgan et Christian Klein, désormais co-CEO, « dans le cadre d’un processus à long terme visant à en faire notre prochaine génération de dirigeants. » « SAP ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans Bill McDermott. (…) Bill a apporté une contribution inestimable à cette société et a été l’un des principaux moteurs de la transition de SAP vers le cloud qui alimentera notre croissance pendant de nombreuses années. Nous le remercions pour tout ce qu’il a fait pour SAP », affirme encore Hasso Plattner.

De son côté, Bill McDermott explique qu’il ne pourrait pas être plus fier de ce que la société a réalisé au cours de la dernière décennie et que le moment est venu pour tout le monde de commencer un nouveau chapitre passionnant. Il conclut en affirmant qu’il est impatient de soutenir ses successeurs jusqu’à la fin de cette année et de jeter les bases de 2020 et des années suivantes.

La société sera donc dirigée par un tandem. « Un modèle de leadership éprouvé par SAP avec de nombreux succès antérieurs », estime Hasso Plattner. Ce binôme est constitué d’une Américaine et d’un Allemand, tous deux membres du conseil d’administration, la première depuis 2017, le second depuis 2018.

Diplômée en commerce, finance et français de la James Madison University (Virginie), Jennifer Morgan (48 ans) a d’abord travaillé chez Accenture et chez Siebel. Elle est entrée chez SAP en 2004, où elle a rapidement occupé des postes à forte responsabilité, notamment celui de présidente en charge de l’Amérique du Nord et de la région Asie Pacifique Japon. Elle était jusqu’à ce jour présidente du Cloud Business Group, où elle avait la responsabilité d’Ariba, Concur, Fieldglass, SuccessFactors, C4/Hana, Customer Experience, et Qualtrics.

Diplômé en administration des entreprises de l’Université d’éducation coopérative de Mannheim, qui combine études et stages en entreprise, Christian Klein (39 ans) est entré chez SAP en 1999 en tant qu’étudiant. Après avoir occupé différentes fonctions dans le support et les services, il fut nommé directeur financier de SuccessFactor lors de l’acquisition de l’éditeur de solutions de gestion des ressources humaines en 2011, avant de se voir confier la direction du contrôle de gestion de SAP. Il était directeur des opérations depuis 2016.

C’est donc une direction très rajeunie qui va prendre en main le destin de la firme de Walldorf.