Les dépenses mondiales en infrastructure cloud avoisinent actuellement les 80 milliards d’euros par trimestre, soit une augmentation de 22% en glissement annuel. Or, tous ces nouveaux centres de données remplis d’équipements et ces installations de mise en réseau, de refroidissement et de distribution d’énergie représentent une dépense énergétique colossale.
Ainsi, en dépit des efforts pour optimiser l’efficacité énergétique des datacenters, plusieurs études indiquent que la consommation d’énergie liée aux centres de données va plus que doubler aux Etats-Unis d’ici 2030, principalement à cause de l’intelligence artificielle.
« Cela fait deux ans que je rappelle aux investisseurs que nous allons manquer d’énergie dans cinq ans », déclare Marc Ganzi, PDG de l’opérateur mondial de centres de données DigitalBridge.
A titre d’exemple récent, Google vient de se voir refuser l’autorisation de construire un troisième datacenter sur son site de Dublin, en Irlande, en raison d’une capacité électrique insuffisante du réseau national. Google n’a pas su démontrer de capacité à fournir sa propre énergie renouvelable en quantité suffisante. Selon un rapport du Central Statistics Office irlandais, les centres de données représentent désormais 21% de la consommation électrique du pays, comparé à 5% en 2015. Aussi, l’opérateur national EirGrid a imposé un moratoire sur les centres de données énergivores.
Pour anticiper la pénurie d’électricité à venir, Amazon Web Services s’est installée à côté d’une centrale nucléaire en Pennsylvanie. Cependant, les services publics locaux ont déposé une objection, craignant que la centrale électrique fournisse moins d’énergie au réseau public à cause d’AWS.
Début 2024, Microsoft a recruté un directeur des technologies nucléaires pour superviser le développement de petits réacteurs atomiques afin d’alimenter ses datacenters. L’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) estime toutefois que les projets de cette nature sont coûteux et peu fiables.
De son côté, Digital Realty s’est efforcée d’utiliser des éoliennes en Australie et des panneaux solaires dans ses installations à Singapour, même si ces mesures ne permettent pas encore de répondre à la totalité de la demande énergétique de ces sites.
Par ailleurs, le consortium IceCloud Integrated Services fournit désormais du cloud privé à partir d’un centre de données entièrement alimenté par des sources d’énergie géothermiques et hydroélectriques en Islande.
En France, les datacenters pèsent de plus en plus lourd dans le bilan carbone national alors que le pays est un champion mondial de l’électricité nucléaire. L’avenir semble aux centres de données de proximité, éco-conçus, de taille modeste, réutilisant la chaleur produite pour chauffer des bâtiments et des piscines municipales.