L’autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (l’Arcep) publie sa première enquête annuelle, intitulée « Pour un numérique soutenable », sur l’empreinte environnementale des réseaux, des usages et des terminaux. Ce rapport mesure les émissions de gaz à effet de serre des quatre principaux opérateurs français, leur consommation électrique, les ventes de téléphones mobiles et la collecte de téléphones portables usagés pour recyclage ou reconditionnement. Premiers constats : les confinements liés au Covid-19 ont eu un impact positif mais les Français·e·s rechignent toujours à faire recycler leurs vieux téléphones portables.

L’Arcep a l’ambition de faire de l’enjeu environnemental un nouveau chapitre de la régulation. Rappelons qu’elle a lancé sa plateforme ‘Pour un numérique soutenable’ en juin 2020 et émis 11 propositions. Après avoir remis un premier rapport au gouvernement, en collaboration avec l’Adème, sur l’empreinte du numérique en France en ce début d’année 2022, elle sort son premier baromètre environnemental. Soulignons que le champ d’étude en est réduit : seules les pratiques observées chez Orange, Bouygues Télécom, Free / Iliad et SFR / Altice ont été prises en compte. Avec l’aval du législateur, l’Arcep compte élargir le périmètre de son enquête au cours des prochaines éditions.

Comme dans bien d’autres secteurs de l’économie, les confinements liés à la pandémie de coronavirus ont fait baisser les émissions des gaz à effet de serre des opérateurs. Ces derniers mettent également en avant l’effet bénéfique d’une meilleure efficacité énergétique des bâtiments et de l’optimisation des flottes de véhicules de leur société. Les émissions des opérateurs atteignent un total de 362.000 tonnes équivalent CO2 en 2020.

Cependant, la croissance continue des usages entre 2016 et 2020 (à raison de 6% par an environ, avec une exception de 10% en 2018) a fait augmenter la consommation énergétique des réseaux, souligne l’Arcep, qui rappelle que le mobile est deux fois plus gourmand en énergie que le fixe. « La consommation d’énergie des réseaux fixes et mobiles n’a cessé de croître entre 2016 et 2020 et atteint 3800 GWh ».

Le passage du réseau cuivre à la fibre devrait diviser par trois la consommation électrique car les réseaux cuivre consomment 35 kWh par abonnement en moyenne contre moins de 10 kWh pour les réseaux fibre, selon une mesure de 2020.

Rien de nouveau concernant la fabrication des terminaux (téléphones mobiles, téléviseurs, ordinateurs…) : l’étude menée conjointement avec l’Adème et publiée en ce début d’année montrait déjà qu’elle constitue le plus gros impact négatif sur l’environnement, soit 79% de l’empreinte carbone du secteur des télécoms.

En 2020, les quatre principaux opérateurs français ont vendu un total de 8,1 millions de téléphones mobiles, neuf ou reconditionnés. Sur ces huit et quelque millions, les 155.000 reconditionnés vendus en 2020 représentent moins de 2% des ventes des opérateurs, principalement auprès des particuliers.

Par comparaison, sur l’ensemble des 21,4 millions de téléphones portables vendus en France en 2020, 2,8 millions de téléphones étaient reconditionnés, soit 13% des ventes totales de téléphones mobiles. La part de marché des quatre grands opérateurs sur ce segment n’est donc que de 5,6% en France. A bon entendeur…

Enfin, l’Arcep constate qu’une majorité (53%) des terminaux inutilisés sont conservés par leurs propriétaires. En 2020, seuls 870.000 terminaux ont été collectés, soit une baisse de 21.9% en un an expliquée par la crise sanitaire. Bonne nouvelle cependant : 82% d’entre eux ont pu être reconditionnés.

« La collecte de téléphones mobiles constitue l’un des enjeux de l’empreinte environnementale du numérique, qu’elle conduise au reconditionnement ou au recyclage », rappelle l’Arcep.