La pénurie de processeurs qui touche l’industrie automobile et la fait tourner au ralenti se propage dans le secteur de l’électronique. Samsung est à présent affecté et souffre d’une pénurie de composants Qualcomm ont indiqué à Reuters différentes sources du secteur. « Nous sommes toujours confrontés à une demande essentiellement supérieure à l’offre », a par ailleurs reconnu le nouveau directeur général de Qualcomm, Cristiano Amon, lors d’une rencontre récente avec les investisseurs. Samsung n’est pas le seul fabricant atteint par le manque de composants de la société. Le mois dernier, Lu Weibing, vice-président de Xiaomi, a lui aussi déploré le manque de puces. « Ce n’est pas une pénurie, c’est une pénurie extrême », a-t-il écrit sur Weibo, le « Twitter » chinois.

Qualcomm est lui-même confronté à une pénurie de puces de gestion de l’alimentation fournies par le Chinois Semiconductor Manufacturing International Corporation et par le Taïwanais TSMC. « Les chaînes d’approvisionnement sont mondiales et très étroitement intégrées. Elles sont conçues pour être efficaces, mais elles sont moins résilientes », a expliqué à Reuters Stacy Rasgon, analyste chez  Bernstein.

Ce sont tout particulièrement les smartphones bas et milieu de gamme qui sont affectés par la pénurie, Qualcomm réservant les puces de gestion de l’alimentation à ses processeurs Snapdragon 888 très rentables.

La pénurie de puces, qui touche l’ensemble du secteur, fait bien entendu grimper les coûts des composants. A titre d’exemple, un microcontrôleur couramment utilisé de STMicroelectronics a vu son prix bondir de 2 dollars à 14 dollars a indiqué Case Engelen, CEO de Titoma, un consultant en conception et fabrication de produits électroniques.

Autre effet pervers du manque de composants, les fournisseurs de puces exigent de leurs clients des avances de fonds plus importantes, ce qui fragilise les plus petits d’entre eux.

Vers une compétition acharnée entre les secteurs utilisateurs

Selon nos confrères de Green IT, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, qui touchait jusqu’à présent tout particulièrement le secteur des véhicules électriques, est due outre à une envolée de la demande (liée notamment à une reprise des ventes de smartphones et d’équipements réseaux  5G), à un manque d’anticipation des différentes industries et à une tension sur les frets aérien et maritime. La pénurie pourrait selon eux bientôt devenir cyclique, à une forte hausse de la demande succédant une chute des commandes.

Green IT pointe un autre risque : une compétition entre les secteurs du numérique, de l’énergie et des transports pour accéder aux composants. « Ces trois secteurs sont forts demandeurs de composants sophistiqués élaborés lors de process de fabrication longs et complexes. Ainsi, une pénurie serait longue à résoudre », écrivent nos confrères qui expliquent que la fabrication de puces exige des minerais provenant de mines de moins en moins rentables. En effet, la concentration des minerais étant de plus en plus faible dans les gisements, il faut creuser plus profondément pour y accéder, ce qui nécessite plus d’énergie et donc plus de coûts. Augmenter la capacité de production est donc difficile, d’autant plus qu’en cas de nouveaux gisements il faut en général 10 ans entre leur découverte et leur mise en production.

« Du côté des professionnels du numérique, nous pouvons agir », estime Green IT, qui appelle de ses vœux une union de la low tech et de la high tech en s’appuyant, autant que possible, sur le recyclage.