En s’alliant en France à OVH, à Capgemini et à Sogeti (et à 22 autres fournisseurs de services dans le reste du monde) pour héberger les données des entreprises, Microsoft espère jouer gagnant sur trois tableaux.

Tout d’abord imposer à ces partenaires de proposer à leurs clients l’ensemble de sa gamme de services cloud, ensuite adresser le marché des PME/PMI (bien couvert par un prestataire comme OVH) et enfin permettre aux clients d’héberger leurs données chez un prestataire local au moment ou le scandale Prism pose plus que jamais le problème de la localisation des données.

 » Aujourd’hui, la souveraineté des données est systématiquement abordée dans nos discussions avec nos clients. Ils le sont régulièrement sur l’aspect vie privée. On arrive toujours à traiter ces questions. Nos clients peuvent ne pas vouloir aller sur des centres de données hors de France », reconnaissait la semaine dernière dans le Monde, Anne-Lise Touati, directrice des offres Cloud chez Microsoft France.

Chez OVH, on espère également profiter des retombées de ce scandale.

«  Lorsqu’ils décident d’externaliser leurs données comptables ou leurs archives, les clients veulent les conserver localement. Nous avons perdu des clients en Allemagne parce que nos serveurs étaient à Strasbourg », expliquait ainsi le directeur marketing d’OVH. Alexandre Morel, aux Echos.

Reste à voir si l’hébergement des données chez un tiers suffira à lever tous les doutes sur l’implication éventuelle de l’éditeur dans la fourniture d’information aux services de renseignement américain.  » Si OVH héberge les serveurs Microsoft, cela pose des problèmes de sécurité pour les entreprises françaises hébergées par OVH. C’est faire rentrer le ver dans la pomme. Les serveurs MS vont pouvoir sniffer plus facilement le trafic sur le net OVH « , s’inquiétait ainsi un lecteur du Monde. 

L’éditeur et le fournisseur devront donc assurer leurs clients de l’étanchéité infranchissable entre les données et les services. D’autant que l’amendement 1881A de la loi Fisa (Foreign Intelligence Surveillance Act) concernant le cloud computing, sur lequel se base notamment le programme Prism, ne cible que les données stockées en dehors des États-Unis et appartenant à des sujets ou entreprises non-américains. Microsoft se retrouve ainsi entre le marteau et l’enclume.