Fin 2016, la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) a signé un contrat de 10 millions d’euros avec l’Américain Palantir. Un contrat problématique quand on sait que la licorne valorisée aux environ de 20 milliards de dollars, financée – du moins à ses débuts – en partie par la CIA, est présidée par Peter Thiel, un milliardaire proche de Donald Trump dont il est conseiller du numérique, et dirigée par Alexander Karp. Les deux cofondateurs de la société partageraient des opinions libertariennes. C’est assumé par le premier, moins sûr pour le second. Grand spécialiste de l’analytique, Palantir travaille pour la communauté du renseignement aux Etats-Unis, notamment pour la CIA et le FBI, ainsi que pour un grand nombre d’administrations et grandes entreprises US. Comme on le voit le cocktail peut être explosif.

Comme le signale le Gicat (Groupement des industries de défense de sécurité terrestre et aéroterrestres), qui publie l’information, « la sélection par un service de renseignement français de contracter avec un industriel étranger fut un « choix de raison » face à une urgence opérationnelle dans un écosystème technologique où il n’existait pas, à l’époque, d’alternative française souveraine et mature pour répondre aux besoins de la DGSI ».

Cette annonce a fait prendre conscience à une partie du secteur IT français qu’il fallait se retrousser les manches et, surtout, coopérer afin de développer une offre souveraine permettant de traiter les big data sans doute les plus sensibles de l’Hexagone. Sous la houlette du Gicat un groupe de travail a été constitué regroupant les spécialistes tricolores du renseignement et des universitaires. Il en ressort aujourd’hui un cluster « Data Intelligence » regroupant 22 entreprises de l’Hexagone, aussi bien des grands groupes, que des PME/ETI et des startups disposant de technologies et solutions innovantes pour répondre aux besoins en matière de traitement de données massives de la communauté du renseignement nationale. De nouveaux acteurs comme Thalès et Pertimm, qui a développé un moteur d’intelligence artificielle multilingue pourrait rejoindre le cluster. « Il en résulte, après deux années de travail, qu’il existe aujourd’hui une offre cohérente, souveraine, modulaire, compétitive, répondant concrètement aux besoins, avec un coût de possession transparent, à disposition des services de renseignement et entreprises ayant des problématiques liées au Big Data », précise le Gicat. Ce dernier estime que la nouvelle offre peut intéresser d’autres pays souhaitant des solutions indépendantes, offrant ainsi une opportunité d’exportation aux entreprises françaises du secteur.

 

Les membres du cluster « Data Intelligence » : Airbus Defence & Space, Air-Lynx, Aleph-Networks, Atos, Bertin IT, CEIS, Critical Building, Deveryware, Diodon Drone Technology, Ecrin Systems, Engie Ineo, Flaminem, Geo41, DCI, Jalgos, Linkfluence, Linkurious, MBDA, Othello, Photonis, Systran et Vocapia Research.