Le plan de réorganisation du réseau de boutiques ravive les tensions sociales chez Orange. Présenté aux représentants de salariés en octobre dernier, le plan vise à basculer d’ici 2026 environ un tiers du réseau de 550 boutiques vers sa filiale Générale de Téléphone (GdT), où les salaires et accords sociaux sont moins avantageux que dans le groupe Orange. Jusqu’à 1900 salariés pourraient être concernés par ces transferts et la part des boutiques gérées par la filiale passer de 40% à 80%.

Les négociations menées depuis plus d’un mois sur les mesures d’accompagnement du personnel impacté par le projet semblent dans l’impasse. Trois organisations syndicales s’en sont d’ailleurs retirées ne laissant plus autour de la table que la CFDT et FO. Toutes ont envoyé un courrier commun le 11 avril à Jean-François Fallacher, le nouveau directeur exécutif d’Orange France, pour dénoncer « les conditions inacceptables de la négociation » :

« Que l’entreprise juge nécessaire de se restructurer est une chose, qu’elle le fasse sans en assumer les conséquences sur les salariés impactés en est une autre et n’est pas acceptable ».

Les organisations syndicales reprochent à Orange de vouloir organiser le transfert des boutiques par une simple cession des baux de boutique à sa filiale, ce qui conduirait selon la CFE-CGC à « priver les personnels de leurs droits ». Surtout, elles reprochent à l’entreprise de vouloir réduire les effectifs, sans passer par la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), d’un plan de départ volontaire ou d’un accord de rupture conventionnelle collective.

La direction d’Orange assure que l’ensemble des personnels touchés « seront repositionnés ou pourront valider une mobilité sur un poste au sein du groupe Orange ». Les syndicats craignent malgré tout que les salariés qui n’accepteraient pas une modification de leur contrat ou une proposition de reclassement soient contraints à des licenciements.

Dans un nouveau courrier adressé le 18 avril, le syndicat CFE-CGC Orange hausse le ton et met en demeure la direction d’Orange de respecter les dispositions applicables en matière de PSE et de transfert d’activité (article L 1224-1 du code du travail).

« A défaut de réponse favorable dans un délai de quinze jours à compter des présentes, la CFE-CGC fait toute réserve des actions qu’elles pourraient avoir à mener, y compris sur le terrain judiciaire », avertit l’organisation syndicale.

C’est donc un nouveau front social qui se met en place alors que les syndicats sont déjà mobilisés contre le projet de restructuration de la branche services Orange Business. Ce dernier prévoit la suppression de 669 poste, soit 15% de l’effectif. L’opérateur cherche à parvenir à un accord pour la mise en place d’une rupture conventionnelle collective.