La  CFE-CGC & UNSA Télécoms s’en prend violemment à l’offre de Free Mobile, selon elle une « parfaite illustration de l’exploitation maximale du dogme néolibéral de la concurrence exacerbée ».

Incontestablement, l’offre de Free Mobile déplaît aux syndicats. Après l’attaque de la CGT dont nous nous étions fait l’écho, c’est au tour de la CFE-CGC & UNSA Télécoms de réagir vigoureusement à ce qui ressemble à un coup de tonnerre dans l’univers ronronnant de la téléphonie mobile. Dans un long communiqué de 5 pages,  les délégués syndicaux de SFR; Orange et Bouygues tentent de démonter point par point les arguments qui font pencher la balance du consommateur en faveur du nouveau venu.

Selon eux, c’est la terminaison d’appel imposée par l’Arcep – qui oblige les opérateurs en place à participer au financement des nouveaux entrants – qui permet à Free de proposer des tarifs extrêmement bas. Un système qui arrêterait de fonctionner si tous les clients des opérateurs s’abonneraient chez Free Mobile et, par ailleurs, limité dans le temps. Cette faveur prenant fin le 31 décembre 2013, Free pourrait alors revoir ses tarifs, affirment les syndicalistes.

La terminaison d’appel est d’autant plus injuste selon eux, qu’elle fait fi des investissements réalisés dans le réseau. « Le profit moyen net après impôts des trois opérateurs mobiles en place est de 8% du chiffre d’affaires. Sur une facture moyenne mensuelle mobile de 24 €7, il reste donc à l’opérateur 1,92 € par mois et par abonné pour financer les investissements futurs et rémunérer les actionnaires », poursuit le communiqué qui ajoute « C’est ce que Xavier Niel appelle « presser le citron » ! Mais en l’occurrence, on peut se demander qui le presse ? ».


10.000 emplois perdus

Le syndicat dénonce ensuite une stratégie désastreuse pour l’emploi, l’objectif de Free étant selon lui de tout traiter par téléphone depuis l’étranger.
« Non seulement il y aura peu ou pas de création d’emplois en France pour le lancement de ce nouvel opérateur mobile, mais, pour aligner leurs prix en préservant leurs capacités d’investissement, les trois autres opérateurs seront obligés de délocaliser aussi. L’arrivée de Free mobile se soldera donc plus vraisemblablement sur une perte d’au moins 10.000 emplois, que par la création de ceux qu’il avait promis, et qui pour le moment ne sont pas au rendez-vous. »

La promotion de l’offre par le buzz, dont n’ont pu bénéficier les opérateurs, constitue également un avantage concurrentiel estime la CFE-CGC & UNSA Télécoms, qui y voit de plus un manque à gagner pour la presse, laquelle sera obligée pour survivre de faire appel à des journalistes bénévoles.

La fin du subventionnement du terminal est également dans le collimateur des syndicalistes. Les terminaux proposés à l’achat seraient 14% plus chers que les tarifs constructeurs, le financement de certains d’entre eux étant par ailleurs assuré par un crédit renouvelable aux taux « proches de l’usure ».

Le document dénonce ensuite les tensions entre les personnels de vente des trois opérateurs et les clients, créées par les annonces tarifaires de Free.
« Le consommateur y gagne aujourd’hui. Les salariés ont perdu. Demain les citoyens paieront », conclut le communiqué.