Encore une mauvaise surprise pour les partenaires HPE. Alors qu’ils commençaient juste à s’habituer à l’idée de voir partir la plus grande partie de ses activités software (notamment ses offres Mercury, Autonomy et Vertica) dans la nouvelle entité que le constructeur co-détiendra avec Micro Focus, ils viennent d’apprendre que deux des solutions considérées jusque-là comme appartenant au périmètre conservé allaient également être cédées, à savoir son orchestrateur Cloud, Operations Orchestration (OO), et son portail de provisioning, Cloud Service Automation (CSA). Deux composantes essentielles de son offre de Cloud Helion CloudSystem, considérée comme l’une des meilleures offres de Cloud privé du marché , note un partenaire.

Pour le directeur technique d’un des principaux partenaires de HPE France, c’est la mauvaise surprise de trop. « Les clients qui ont fait le choix de la technologie Cloud HP se retrouvent nus. Ils ne comprennent pas pourquoi HP détache de son offre Helion, qui permet d’exposer son infrastructure en mode IaaS, les outils d’automatisation des tâches d’exploitation et de maintenance et ceux dédiés à la gestion des portails d’applications. Beaucoup y voient une preuve supplémentaire du processus de vente à la découpe dans lequel HPE serait engagé sans le dire. Un processus qui ne peut se terminer que par un rachat par un Cisco ou un Oracle. Si HP cherchait vraiment à se constituer un capital en vue de se positionner en force de consolidation, il ne sacrifierait pas ainsi son cœur de métier ».

Mais le pilotage de Cloud fait-il partie du cœur de métier de HPE ? Non, comme s’emploie désormais à l’expliquer ce dernier à ses partenaires. Le sujet a été abondamment commenté lors du dernier Hype Club, premier cercle des partenaires HPE France, qui se réunissait la semaine dernière. « Le leitmotiv de cette cession, c’est le recentrage de HPE sur son ADN : les solutions d’infrastructures. CSA & OO sont certes des solutions essentielles au pilotage de clouds privés et hybrides mais ne sont pas dans le cœur de métier de HPE », estime Fabrice Blain, directeur des partenaires d’ITS Group, dont la société est à la fois préconisatrice et utilisatrice de l’orchestrateur HPE et de son portail de services via sa BU Integra, dédiée aux services managés et au pilotage de clouds privés. « CSA & OO sont considérés comme des produits autonomes éloignés du développement de son offre d’infrastructure », renchérit Jean-François Marchal, directeur général de X9000, qui porte l’offre Cloud de HP en tant que Cloud Builder et en tant que Cloud provider via son partenaire Comaxess.

Du reste, cette satellisation de CSA et d’OO n’inquiète pas outre mesure ce dernier. « Dans son approche Cloud, HPE a intégré des briques de l’offre HPE Software telles que CSA et OO pour pallier aux lacunes de l’offre OpenStack. Avec le développement et l’amélioration d’OpenStack, des briques logicielles telles que Heat vont être immanquablement intégrées dans CloudSystem et à terme remplacer OO. Pour ce qui est des fonctionnalités de CSA, il ne faudra peut-être pas longtemps pour disposer d’un portail davantage orienté utilisateurs capable de remplacer sa place de marché. Quant au provisionnement de services complexes, cette capacité est de mieux en mieux prise en charge par OneView [qui reste dans le périmètre HPE]. L’offre Synergy se positionne d’ailleurs nettement dans cette dynamique avec le concept d’infrastructure composable. Reste la capacité de bursting de CSA. En ce qui nous concerne, nous en proposons un équivalent sur la plateforme de provisionnement Comaxess, que nous utilisons et commercialisons. »

Au contraire, François Marchal voit plutôt une opportunité dans cette recomposition du périmètre de HPE. « Auparavant, nous avions plutôt des inquiétudes sur notre capacité à étendre notre savoir-faire sur l’ensemble des domaines intégrés par HPE. Aujourd’hui, nous voyons plutôt d’un bon œil une stratégie HPE centrée sur l’infrastructure qui correspond à notre approche du marché et à nos compétences essentielles dans la l’infrastructure convergée. Nous sommes plutôt dans une dynamique de renforcement de notre engagement avec HPE. »

Pour sa part, Fabrice Blain est rassuré sur l’avenir de CSA et de OO et plus largement sur l’offre Software de HPE. « Nous avons pu échanger un long moment cette semaine avec le COO de HPE (et son staff), Chris HSU, qui a été chargé par Meg Whitman de mener à bien la transition HPE Software. Le discours se veut rassurant, les arguments avancés sont pertinents. La volonté affichée est de créer un pure player software, 6e éditeur mondial, capable de rivaliser avec les plus grands. Le fait est que Micro Focus et HPE Software n’ont pas de domaines de recouvrement. Ainsi, toutes les solutions devraient perdurer et évoluer. » Une inconnue de taille demeure toutefois : le programme partenaire de Micro Focus, qui lui reste encore à découvrir. Un point sur lequel il se dit « vigilant ».