Ce mardi 5 novembre s’ouvrait au Palais des Congrès de la Porte Maillot la 4e édition du GreenTech Forum, le salon professionnel de référence dédié au numérique responsable. L’occasion de faire le point sur les enjeux liés à la soutenabilité du numérique, au numérique au service de la réduction de l’empreinte environnementale et à la transformation du modèle d’affaire des acteurs du numérique pour s’adapter aux nouvelles contraintes environnementales.
Si les cas d’usage du numérique au service de la réduction de l’empreinte environnementale se multiplient – le salon donne à en découvrir de nombreux – , la problématique de la soutenabilité du numérique reste entière. Hugues Ferreboeuf, chef de projet au Shift Project (au centre sur la photo), l’a bien résumée. Lors d’une conférence consacrée justement aux nouveaux modèles d’affaires pour les entreprises du numérique, il a expliqué que les gains d’efficacité énergétique induits par le numérique étaient loin de compenser l’augmentation rapide des usages du numérique. « Au rythme de croissance actuel, l’empreinte environnementale du numérique, qui représente déjà 10 % de la consommation électrique française, pourrait tripler d’ici à 2050 », a ainsi rappelé pour sa part Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, lors de la plénière d’ouverture du Forum.
Pour limiter cette expansion incontrôlée des usages du numériques Hugues Ferreboeuf préconise d’imposer des contraintes règlementaires drastiques susceptibles de diminuer la profitabilité des sept ou huit « big tech » responsables à eux seuls de 75 % de la croissance du trafic Internet mondial.
De fait, et c’est un point à mettre à son crédit, l’Europe a su s’emparer de cette problématique en bâtissant très rapidement un « cadre règlementaire de confiance », a rappelé lors d’un entretien qu’elle nous a accordé sur le salon Véronique Torner, présidente de l’organisation patronale Numeum et co-fondatrice du collectif Planet Tech’Care, sous le patronage desquels est organisé le GreenTech Forum. Et de citer les exemples de l’IA Act, du Data Act ou de la directive NIS2. Au point que le cadre règlementaire mis en place par l’Europe friserait désormais la surrèglementation pour un certain nombre d’entreprises qui s’inquiètent des coûts de mise en conformité qu’elles vont devoir assumer.
Cette problématique de la soutenabilité du numérique et notamment de son dernier avatar, l’IA, a été l’une des thématiques récurrentes de cette première journée de forum, que ce soit dans le programme – avec par exemple cette conférence intitulée : « quelle place pour l’IA dans le numérique responsable ? » – ou dans les conversations. La dernière édition du baromètre de l’écoconception digitale du collectif GreenIT, réalisé en partenariat avec Razorfish, qui doit être divulguée ce mercredi, se penche également sur cette thématique, en étudiant la soutenabilité comparée de différents outils IA du marché. On retiendra à ce propos que personne n’est encore en mesure d’évaluer précisément l’empreinte de ces outils côté backoffice mais que celle-ci promet d’être considérable à terme.
L’autre thématique récurrente a été celle de la montée en puissance du marché du greenIT et des opportunités que ce marché représente pour les entreprises du numérique. Sur ce point, les interlocuteurs avec lesquels nous avons discuté sur place se sont montrés mitigés. S’ils constatent bien une augmentation significative des clauses de reconditionnement de récupération des matériels en fin de vie dans les appels d’offres, ils sont aussi nombreux à constater une érosion des budgets que les organisations sont prêtes à consacrer à ces sujets. Ce qui laisse à penser qu’en temps de restriction budgétaire, le greenIT fait partie des premiers postes de dépenses à être rognés.
Un contexte qui, au passage, expliquerait au moins partiellement la légère baisse de fréquentation observée par les exposants par rapport à l’édition 2023. Les organisateurs attendent pourtant sur cette édition 2024 une participation en hausse avec une centaine d’exposants (contre 80 en 2023) et 2.500 visiteurs (contre 2.000 en 2023).