Le numérique en Europe pèse plus que toute l’humanité et représente 40% du budget GES (gaz à effet de serre) soutenable d’un Européen. Tels sont deux des principaux enseignements de la dernière étude réalisée par le collectif GreenIT.fr et le consortium NegaOctet. Intitulée Le numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie, cette étude indique notamment que les 571 millions de tonnes de matières premières mobilisées par le numérique en Europe chaque année correspondent à la masse de 9,2 milliards d’êtres humains.

L’analyse prend en compte 12 impacts pour l’environnement : du réchauffement global à l’épuisement des ressources abiotiques, en passant par la consommation d’énergie primaire et l’acidification de l’eau et du sol.

 « L’épuisement des ressources est l’indicateur le plus représentatif des impacts environnementaux du numérique », expose Lorraine de Montenay, membre du collectif GreenIT.fr, chef de projet et co-autrice de l’étude. Il totalise 40% des impacts environnementaux : 23% pour les métaux et 17% pour les énergies fossiles, principalement pour fabriquer des appareils (TV, ordinateurs, smartphones). « Nous ne nous attendions pas à une part aussi élevée pour cet indicateur. Ces impacts sont directement liés à la multiplication et la diversification des nombreux équipements numériques qui nous accompagnent dans notre quotidien », précise-t-elle.

 « Les GES associées à notre usage quotidien du numérique représentent 40% de notre budget annuel soutenable. C’est complètement disproportionné par rapport aux accords de Paris », commente Frédéric Bordage, fondateur de GreenIT.fr et co-auteur de l’étude. « Si nous souhaitons rester en dessous de 1,5°C de réchauffement global, nous ne pouvons en aucun cas consommer autant de numérique en Europe, avec des durées de vie aussi courtes », affirme-t-il.

Autre confirmation : ce n’est pas le fait d’utiliser son appareil qui a le plus d’impact mais d’en fabriquer un nouveau. La majorité des impacts se produisent pendant la phase de fabrication (54%), avant l’utilisation de l’équipement (44%). « Cela montre combien il est essentiel de repousser au plus tard possible le renouvellement d’un équipement, de le réparer, lui donner une seconde vie, et faire en sorte que les mises à jour logicielles permettent aux appareils les plus anciens de continuer à fonctionner », rappelle Lorraine de Montenay.

Les impacts proviennent avant tout des équipements des utilisateurs (TV, ordinateurs, smartphones, objets connectés, etc.) et non des centres informatiques. Les télévisions totalisent 14% des impacts du numérique. « C’est plus que tous les impacts des réseaux en Europe », assure Etienne Lees-Perasso, expert de LCIE CODDE Bureau Veritas, membre du consortium NegaOctet et co-auteur de l’étude.

Pour lire tous les résultats de l’étude ainsi que des recommandations, c’est ici.

Méthodologie

Commandée par le groupe parlementaire européen des Verts / ALE, cette étude respecte les normes d’Analyse du Cycle de Vie ISO 14040-44 et a fait l’objet d’une revue critique par un tiers indépendant.