Etix Datacenter, filiale de l’opérateur Carinae, affirme qu’il peut résoudre le problème de la pénurie d’électricité en Ile-de-France. Son directeur et co-fondateur, Antoine Boniface, nous explique sa méthode.

 

Channelnews : Pouvez-vous nous présenter Etix Group ?

Antoine Boniface : Carinae Group est parti de trois constats : il y a une pénurie d’électricité en Ile-de-France, cela manque d’espaces d’hébergement sur le marché et il est nécessaire de posséder son propre datacenter pour maîtriser la chaîne de valeur, afin d’offrir des services d’hébergement aux clients.

Nous avons donc lancé le projet Etix Datacenter, projet que nous avons ensuite cédé à Equinix.

 

Qu’est ce qui vous distingue de vos concurrents ? En quoi êtes-vous plus éthiques qu’eux ?

Antoine Boniface : Trouver un mégawatt en Ile-de-France est aujourd’hui un véritable cauchemar. Par ailleurs, il arrive que des clients commandent de la puissance qu’ils n’utilisent pas. Il faut donc changer le système.

Nous avons pour cela deux philosophies. La première est d’intégrer toutes les technologies innovantes mais éprouvées. Nous considérons par exemple que le photovoltaïque n’est pas une technologie intéressante mais un simple argument marketing.

Ensuite, nous imposons un cahier des charges à nos clients. Nous imposons ainsi des couloirs froids afin d’éviter des transferts de flux entre l’air froid et l’air chaud. Nous imposons ensuite des plans d’urbanisation. Nous exigeons également que le client possède un certain pourcentage de baies récentes, âgées de moins de deux ans, qui consomment moins d’énergie.

Il s’agit de choses simples.

D’un point de vue technique, nous choisissons des sites permettant le free cooling. Faire du free cooling coûte le même prix que de ne pas en faire et offre beaucoup d’avantages.

Nous sommes également très stricts en ce qui concerne le PUE. Nous mettons ainsi à disposition de nos clients du reporting en temps réel. Nous essayons d’avoir un PUE inférieur à 1,5.

Nous mettons aussi en place des systèmes permettant de réguler le nombre de serveurs en fonction de leur utilisation. Il existe des outils techniques permettant d’éteindre des serveurs lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Les DSI considèrent généralement qu’éteindre et rallumer un serveur est dangereux, qu’il y a un risque que le serveur ne se rallume pas. C’est une légende, mais une légende qui coûte entre 10 et 20% de consommation électrique en plus.

A ce propos, je tiens à préciser que nous ne prenons pas de marge sur la consommation. Nous facturons au client sa consommation réelle et au prix coûtant.

Pour atténuer l’impact de notre projet de Pantin sur l’environnement, nous souhaitions utiliser un bâtiment existant. Cette une méthodologie que nous voulons désormais appliquer à l’ensemble de nos datacenters.

 

Si trouver un mégawatt en région parisienne est si difficile, pourquoi ne pas délocaliser vos centres de données en région ?

Antoine Boniface : Tout le monde souhaite un datacenter situé en Ile-de-France – et plus particulièrement du côté d’Aubervillers – ce qui ne facilite d’ailleurs pas la récupération de l’énergie dégagée. Les leaders de l’hébergement sont étrangers et désirent s’installer à Paris. Ils ne connaissent pas le marché en région et ne veulent pas prendre de risques. Par ailleurs, la demande en région parisienne est actuellement supérieure à l’offre.

Il n’est toutefois pas dit que les choses n’évolueront pas d’ici 2 ans.

Vous avez donc des projets ?

Antoine Boniface : Un second datacenter ouvrira à Pantin au milieu de l’année prochaine, ce qui nous permettra de mettre 1200 kVA de puissance utile à disposition de nos clients, sous forme d’espaces privés ou mutualisables. Nous avons aussi d’autres projets. Mais nous en reparlerons plus tard.