Selon un rapport 2020 du Sénat, le numérique est responsable d’au moins 2% du total des émissions de gaz à effet de serre en France, soit 15 millions de tonnes équivalent CO2. Ce secteur est celui dont l’impact environnemental s’amplifie le plus. Le défi est de taille : comment faire converger transition écologique et transition numérique ? L’État français déroule une feuille de route et des mesures attenantes.

Voici quelques chiffres éloquents partagés par le Gouvernement cette semaine :

  • 75 % de l’impact environnemental du numérique se concentre sur la phase de fabrication des équipements
  • 88% des Français changent de téléphone portable alors que l’ancien fonctionne toujours. Entre 50 et 100 millions de téléphones dorment dans des tiroirs alors que pas moins de 70 matériaux différents, dont 50 métaux sont nécessaires pour fabriquer un smartphone.
  • Le flux de déchets d’équipement électriques et électroniques augmente de 2% par an en Europe
  • Moins de 40% de ces déchets sont recyclés en Europe

À la suite de divers travaux menés en 2020 (dont le rapport de la Convention Citoyenne pour le Climat), les équipes de Barbara Pompili (Ministre de la Transition Ecologique) et de Cédric O (Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques) publient une feuille de route de 33 pages et annoncent des mesures concrètes. Le document, intitulé « numérique et environnement », apporte des données chiffrées sur les différents impacts, explique comment soutenir une sobriété numérique, allant des terminaux aux services, et propose des pistes d’innovation. L’intégralité de la feuille de route du Gouvernement est disponible ici.

Parmi les mesures annoncées, on note :

  • La mise en place d’un baromètre environnemental des acteurs du numérique,
  • La prise en compte des enjeux environnementaux dans les cahiers des charges de futures attributions de fréquences 26GHz de la 5G,
  • Le lancement d’une campagne sur les bonnes pratiques pour utiliser ses outils numériques plus sobrement,
  • Le financement de projets d’intelligence artificielle en faveur de l’écologie,
  • Et enfin, le soutien aux datacenters vertueux. À partir de 2022, les centres de données devront respecter des bonnes pratiques pour bénéficier du tarif réduit de la TICFE (taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité). À plus long terme, ils devront réduire leur consommation énergétique de 40 % d’ici à 2030.

De plus, en application de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC), outre l’obligatoire indice de réparabilité sur les PC et smartphones depuis ce début d’année, un décret relatif à la définition de « produit reconditionné » entrera en vigueur au 1er avril 2021. Pour favoriser l’économie circulaire, les acheteurs publics ont l’obligation d’acquérir des produits numériques reconditionnés ou de seconde main. Objectif fixé par le Gouvernement : 20 % des achats de téléphones fixes et portables et 20 % du matériel informatique (ordinateurs fixes et portables, écrans, accessoires, etc.) issu du réemploi ou de la réutilisation. L’État a par ailleurs promis d’abonder le fonds de l’ADEME pour l’économie circulaire d’une enveloppe de 21 millions d’euros afin de la faire sortir de son statut de mauvaise élève du « Green IT ».