Etait-il judicieux de vouloir prendre un nouveau départ professionnel pendant la pandémie ? Beaucoup l’ont fait, un phénomène qui a d’ailleurs été qualifié de « Grande Démission » aux États-Unis. Et beaucoup le regrettent selon les résultats d’une étude internationale réalisée par Morning Consult pour le compte du spécialiste des solutions RH UKG.

Sur l’ensemble des six pays analysés dans l’étude (France, Allemagne, Mexique, Pays-Bas, États-Unis et Royaume-Uni), quatre personnes sur dix (43 %) qui ont quitté leur emploi pendant la pandémie à travers le monde regrettent aujourd’hui leur ancienne situation. La France a le pourcentage le plus élevé en Europe avec près de deux salariés sur trois (63%). Une des explications est que seul un tiers des démissionnaires occupe un nouveau poste contre 76% dans les autres pays européens.

Autres particularités propre à notre pays, les Français qui ont quitté leur emploi étaient peu enthousiastes à démissionner (seulement 16% « très enthousiastes »), et sont généralement moins satisfaits (24% « extrêmement satisfaits ») de leur décision aujourd’hui que dans les autres pays sondés. Par ailleurs, ils sont plus susceptibles de regretter au moins un aspect de leur ancien poste (95 % regrettent au moins un aspect de leur ancien poste, contre 80 % en Allemagne, le taux le plus bas).

Cette insatisfaction se traduit aussi par un taux élevé de personnes ayant démissionné plusieurs fois (49%), deux fois plus que dans les autres pays de l’étude. Pour autant, on assiste moins qu’ailleurs à des retours dans l’ancienne entreprise dits « retour boomerang ». 65% déclarent pourtant qu’ils seraient prêts à revenir si c’était une option. Mais les  managers français sont moins enclins qu’ailleurs à envisager le réembauchage des ex-employés, même si près des trois quarts (74%) ne ferment pas totalement la porte.

L’étude indique aussi que la France est le seul pays où les frustrations causées par le management sont en tête de liste des raisons des départs. Le manque de valorisation est ainsi la première justification invoquée par les Français qui quittent leur emploi. Des démissions qui pourraient parfois être évitées avec une relation de confiance et des conversations ouvertes sur les souhaits de carrière. « Dans une situation où les gens peuvent communiquer leurs véritables désirs concernant la vie et le travail avec leur manager, la démission ne sera peut-être pas perçue comme nécessaire », rappelle Aron Ain, le président et PDG d’UKG.

L’étude a été menée en décembre 2021 et janvier 2022 auprès de deux groupes distincts : 1 950 employés qui ont volontairement démissionné ou changé d’emploi au moins une fois depuis le début de la pandémie en mars 2020, et 1 850 managers qui occupent leur poste depuis au moins six mois et dont au moins un employé de leur équipe a démissionné pendant la pandémie.