La filiale française du groupe de services et de distribution britannique signe un premier semestre en forte croissance. Anne Mérinville, qui en a repris les commandes il y a un an, décrypte pour Channelnews l’évolution de l’activité au premier semestre et les tendances pour les prochains mois.

Channelnews : Computacenter vient publier ses résultats pour le premier semestre 2023. Il apparaît que la filiale française enregistre une forte progression de son activité (+15%) à 366,7 M€ avec un résultat opérationnel de 3,2 M€ (+540%). La progression de l’activité négoce atteint même 19,9% à 260,2 M€. Quels ont été les ressorts de cette croissance ?

Anne Mérinville : Même si elle doit être relativisée dans la mesure où l’on se compare au premier semestre 2022 qui n’avait pas été exceptionnel, cette forte croissance des revenus et du bénéfice brut (+21,9% à 46,2 M€) s’inscrit dans la continuité de la tendance observée au second semestre 2022. Elle s’explique notamment par le déblocage du backlog accumulé pendant la période Covid. Autres facteurs de croissance : l’inflation, qui renchérit la valeur unitaire des produits, et la part grandissante des infrastructures dans le mix produits (au détriment des postes de travail). Je vois ainsi avec satisfaction les prises de commandes augmenter sur les sujets liés aux réseaux et sur les logiciels. Les infrastructures représentent désormais 45% de notre activité négoce contre 30% il y a quelques années en arrière.

Channelnews : En revanche, les services sont plus fragiles : le bilan faisant état d’une croissance de « seulement » 4,7% (à 106,5 M€) liée à la contre-performance des services gérés, qui reculent de 1,9% (à 77,4 M€) ? Une baisse de volume qui s’accompagne d’une baisse de leur performance, selon le rapport financier. Comment s’explique ce recul des services gérés alors que la filiale française met beaucoup d’énergie depuis des années pour augmenter la part des services dans son mix d’activités ?

Anne Mérinville : Cette très légère baisse du revenu des services gérés est liée à la fin de deux contrats fin 2022. Côté rentabilité, il n’y a pas de baisse formelle. La décroissance constatée dans les comptes est le résultat d’un événement exceptionnel (en l’occurrence, une « relâche de provision »). Mais je m’emploie à mettre un accent plus fort sur la vente de services gérés. À noter qu’aujourd’hui, c’est l’infogérance des postes de travail qui est majoritaire mais qu’à terme, avec la tendance à l’automatisation et au self help, on devra se tourner plus largement vers l’infogérance d’infrastructures pour rester sur ce marché de l’infogérance.

Channelnews : En revanche, les services professionnels, autrement dit les projets, sont en forme : ils enregistrent une croissance de 27,6%. Mais, avec des facturations de 29,1 M€, cela reste une faible part de votre activité.

Anne Mérinville : En effet, les services professionnels n’emploient qu’environ 200 salariés au sein de la filiale, contre 1.600 pour les services gérés (sur un total de 2.200). Sur cette activité, on est confronté à des difficultés de recrutement. C’est un axe d’investissement important cette année. On travaille sur notre marque employeur. On s’est aperçu qu’on n’a aucun mal à convaincre les candidats de nous rejoindre lorsqu’ils nous sont le présentés. Mais on a besoin de plus de candidats venant spontanément à notre rencontre. À cet effet, on va lancer prochainement une campagne de communication pour dire qui on est, qui travaille chez nous, sur quels sujets…

Channelnews : Vous avez mentionné l’inflation comme un facteur de croissance. Est-ce une opportunité ou une menace ?

Anne Mérinville : Ni l’un ni l’autre. Le vrai enjeu, c’est de garder les collaborateurs en répercutant le coût de l’inflation sur leurs salaires sans que cela ait trop d’impact sur les tarifs pour les clients. D’où la nécessité de rechercher en permanence de nouvelles poches d’efficacité.

Channelnews : Comment se présente le second semestre 2023 ?

Anne Mérinville : Le deuxième semestre sera plus difficile en raison d’un effet de comparaison défavorable – le deuxième semestre 2022 avait été « très solide » – et d’un certain nombre de glissements de projets au cours du premier semestre qui, même s’ils finissent par se signer d’ici à la fin de l’année, ne démarreront pas avant 2024. J’espère néanmoins un deuxième semestre aussi bon que celui de l’année dernière avec des gains de dossiers de services structurants.

Channelnews : Avez-vous vous-mêmes des chantiers structurants en interne ?

Anne Mérinville : Dans le cadre de ce travail sur l’efficacité que je viens de mentionner, on se prépare à fusionner dans les prochains jours notre filiale Computacenter Network et System, issue du rachat de BT Services France il y a trois ans, avec Computacenter France. Nous avons également plusieurs feuilles de route de transformation de nos outils interne (ERP, traitement des commande, ITMS…) toujours pour gagner en efficacité et accompagner la croissance des effectifs.