Triste épilogue pour Compufirst. Dix jours après s’être déclaré en cessation de paiement, le revendeur online a été placé en liquidation judiciaire immédiate ce lundi 24 juin par le tribunal de commerce de Montpellier. Pas de plan de continuation, donc, ni même de plan de cession. Aucun repreneur ne s’étant apparemment manifesté.

Pourtant, des négociations ont bien eu lieu avec un acheteur potentiel avant la procédure collective. Mais, après des mois de tractations, celui-ci s’est finalement retiré au dernier moment. Il a probablement estimé qu’après trois mois de crise, les chances de réussite d’une relance étaient devenues ténues.

De fait, l’activité est presque totalement paralysée depuis plus de deux mois, suite aux départs simultanés de Lionel Vargel, président de l’entreprise et de Jean-Michel Polit, deux des trois co-fondateurs de la société. Les assureurs-crédit, qui avaient déjà dégradé la note de l’entreprise à plusieurs reprises depuis octobre 2018, ont réduit à zéro leur garantie sur ses encours, obligeant les fournisseurs à interrompre leurs livraisons.

« Le plus navrant, c’est qu’au moment où la situation comptable est devenue critique, la situation commerciale n’avait jamais été aussi favorable, avec des centaines de milliers d’euros de bons de commandes qui n’attendaient qu’une reprise des livraisons », regrette un salarié.

Lionel Vargel et Jean-Michel Polit ne se sont pas beaucoup étendus sur les raisons de leur départ. Selon la version officielle, il était devenu nécessaire d’alléger les charges de l’entreprise et de simplifier la prise de décisions en matière de stratégie et de pilotage. En pratique, les fondateurs n’étaient plus d’accord sur rien et c’est Christophe Olivier qui a imposé sa vision des choses.

Son plan, tel qu’il l’a exposé à la trentaine de salariés, était de faire redescendre du holding vers Compufirst – via une augmentation de capital – les fonds mis en réserve en 2017 pour financer la diversification de l’entreprise vers le Cloud. Cette manne devait servir à rassurer le marché et obtenir la caution bancaire indispensable au redémarrage de l’activité. En parallèle, Christophe Olivier souhaitait se détacher de la stratégie marketing digitale de l’entreprise au profit des produits et des constructeurs pour mieux la mettre au service des ventes. Mais il n’a pas vraiment eu le temps de mettre son plan en œuvre.

Après deux années consécutives de pertes, la société était apparemment dans une impasse financière. Mais le montant des pertes (-136 K€ à fin juin 2017 et -159 K€ à fin juin 2018) ne paraissait pas insurmontable. D’autres fragilités expliquent probablement la perte de confiance des assureurs-crédit et le revirement du candidat au rachat de l’entreprise. Le problème se situait-il dans son modèle économique, basé sur le marketing digital, dans son faible ratio de commerciaux comparé à l’effectif, ou dans sa difficulté à fidéliser ses équipes… ? Autant de questions pour l’instant sans réponse.