Suite aux premières révélations de The Register mardi 25 août, Netapp a confirmé hier le licenciement de 5,5% de son effectif, soit près de 600 personnes sur 10.800.

Lors de sa conférence téléphonique avec les investisseurs, le PDG George Kurian a indiqué que ces changements s’inscrivent « dans l’alignement stratégique » de l’entreprise et qu’ils sont motivés par le fait que Netapp doit « prioriser [ses] ressources [sur] ses cœurs d’activités, à savoir les systèmes de stockage et les logiciels, tout en accélérant sur les services de cloud public. »

« Nous continuons à nous concentrer sur les marchés où nous avons à la fois une présence significative et un avantage concurrentiel clair, a expliqué Netapp dans un communiqué envoyé à la presse anglo-saxonne. NetApp réaligne les ressources et les investissements pour saisir au mieux ces opportunités et positionner l’entreprise pour un succès à long terme. »

NetApp prévoit de mettre en œuvre les licenciements tout au long de l’exercice 2021, entraînant des coûts de restructuration d’environ 35 à 40 millions de dollars.

Selon The Register, les suppressions de postes semblent avoir particulièrement affecté les équipes marketing – y compris les experts techniques – ainsi que les ingénieurs et les développeurs issus du rachat en 2015 du fournisseur de baies 100% flash SolidFire, basé à Boulder.

Un licenciement d’une grande partie de l’équipe de Boulder, sinon de tout le monde, aurait des implications négatives pour la l’offre d’infrastructure hyperconvergée HCI de NetApp, a toutefois déclaré à CRN sous couvert d’anonymat une source travaillant avec NetApp depuis des années.

Dans sa conférence téléphonique avec les investisseurs, George Kurian a confirmé que SolidFire était touché en expliquant que Netapp tendait à se concentrer « sur les segments à plus forte marge de ses offres SolidFire et HCI ».

Pour la source citée par CRN, même si la pandémie Covid-19 est vraisemblablement la cause de bon nombre des licenciements annoncés par Netapp, il estime que ce dernier cherche clairement à se recentrer sur le cloud et sur les technologies définies par logiciel, en témoigne les acquisitions récentes de Spot et CloudJumper. « Les gens que NetApp laisse partir ne sont pas sous-performants, expose-il. Simplement, les fournisseurs commencent généralement à licencier parce qu’ils connaissent leur carnet de commande et ont une visibilité sur ce qui se passe ».

« Ces dernières années, NetApp a concentré ses investissements sur son système d’exploitation dédié stockage Ontap, qui prend désormais en charge les baies de stockage sur site et les clouds publics pour créer des systèmes de stockage hybrides », décrypte The Register. « À l’avenir, NetApp se concentrera principalement sur son activité autour d’Ontap, ce qui est logique, car c’est là que se concentre son activité cloud », estime pour sa part l’interlocuteur de CRN. Ce que confirme George Kurian : « Notre technologie Ontap, système d’exploitation dédié stockage le plus puissant, le plus connecté au Cloud et le plus efficace du marché, est la clé de notre succès dans le Cloud et sur site. »

Soucieux de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Netapp s’est attaché dans le même temps à créer une distribution Kubernetes liée à son produit hyper-convergé basé sur SolidFire. « NetApp propose deux excellentes solutions fonctionnant de concert qui créent des applications à l’aide de conteneurs et de Kubernetes », a indiqué George Kurian. L’une orientée gestion de données et l’autre, acquise avec Spot, qui permet aux clients d’optimiser le coût et l’efficacité de leur environnement d’applications.

Mais The Register estime que si Netapp continue de profiter d’une collaboration fructueuse avec Cisco dans le cadre de leur offre commune d’infrastructures convergentes FlexPod, « il y a peu de preuves que ses nouveaux efforts centrés sur le matériel ont conquis de nombreux clients ou des revenus importants. »

« Les activités autres que Ontap, s’apparentent à des distractions », renchérit l’interlocuteur de CRN. « Par exemple, NetApp transfère une grande partie de ses activités de gestion de données vers des partenaires comme Commvault et Veeam. Cela laisse penser que Netapp souhaite sortir du monde de la gestion des données et laisser la main à des spécialistes. Cela pourrait in fine améliorer ses marges. »