Dans une enquète très documentée, le site MacGeneration révèle le mal-être croissant ressenti par les salariés français des Apple Store. Ceux-ci prépareraient une mobilisation la semaine prochaine.


Des salariés d’Apple Retail France, la société qui pilote les Apple Stores français, prépareraient un rassemblement en début de semaine prochaine à proximité de l’Apple Store du Louvre pour protester contre leurs conditions de travail et attirer l’attention sur certains dysfonctionnements récurrents. C’est ce que révèle MacGeneration à l’occasion d’une grande enquête sur le sujet.

Ces crispations qui prennent notamment leur source dans le format des magasins. MacGeneration rappelle ainsi dans que le concept a été élaboré au début des années 2000, à une époque où Apple vendait à peine plus de 3 millions de Mac par an et devait remplir ses boutiques avec des produits concurrents. Or ce concept ne serait plus adapté à leur fréquentation actuelle, alors qu’Apple « vend désormais près de 20 millions de Mac, 150 millions d’iPhone et 50 millions d’iPad par an ».

Certes, Apple en a fait récemment évoluer la surface, la portant de 500 m2 à 780 m2, note MacGeneration. Mais, à quelques exceptions près, les Apple Stores existant n’ont pas été agrandis et dans l’ensemble, le modèle n’a que peu évolué. Du coup, les problèmes s’accumulent. Le Genius Bar, par exemple, doit aujourd’hui « traiter trois fois plus de demandes par heure qu’il y a cinq ans » et constituerait aujourd’hui « l’un des points de friction les plus importants des Apple Store ».

Autre source de frustration : la dichotomie croissante entre l’investissement demandé et les avantages reçus. D’un côté, les vendeurs sont soumis à des objectifs « assez drastiques » et une méthode de vente très normative (le « personal shopping »). Mais de l’autre côté, MacGeneration note que les perspectives d’évolution de carrière sont faibles, qu’il y a peu peu d’avantages sociaux (notamment pas de tickets restaurants) et que les salaires sont « dans la stricte norme d’autres grands noms du domaine (entre 23 et 27 000 € bruts par an pour un vendeur) ».

D’autre part, il n’y a pas de commission sur les ventes (Apple craignant que cela génère des insatisfactions clients), et les vendeurs sont rarement à temps complet, ce qui les oblige parfois à prendre un second emploi. Sans parler de la « difficulté croissante à poser des congés ou tout simplement à bénéficier d’un réel week-end ».

Engagement maximal pour un retour minimal, résume MacGeneration qui, sur la base les évaluations annuelles qu’il a compulsées, estime qu’il y a un réel problème de démotivation parmi les salariés. Résultat, le turn over atteindrait 30% par an, soit un taux certes honorable dans le secteur du commerce de détail mais qui reste beaucoup plus élevé que celui des enseignes de référence auquel Apple Retail prétend se comparer (et de citer The Container Store qui affiche seulement 10 à 20 % de renouvellement en moyenne).

Enfin MacGeneration pointe une série de dysfonctionnements plus anecdotiques mais révélateurs. Le système de pointage et de transmission des heures supplémentaires semble ainsi souffrir de problèmes chroniques depuis l’origine provoquant retards de paiement et erreurs à répétition. Autres exemples : les problèmes de climatisation récurrents du Carrousel du Louvre ou l’oubli de consultation des instances représentatives à Bordeaux pour une extension temporaire des heures d’ouverture.