Orange conduit depuis septembre les négociations triennales sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Pour « préparer l’avenir », la direction élabore un projet d’accord pour la période 2025-2027, qui pourrait accélérer les importantes restructurations en cours dans l’entreprise. L’opérateur envisage en effet un nouveau plan de départ volontaire pour les séniors, via le dispositif du Temps partiel senior (TPS), déjà mis en place en 2022.

Le TPS permettrait à des salariés de quitter le groupe avant l’âge de la retraite, en bénéficiant d’une rémunération pendant 5 ans. Elle se situerait à hauteur de 70% de leur salaire la première année, travaillée à mi-temps, puis à 60% de leur salaire les quatre années suivantes, non travaillées. Le dispositif pourrait concerner entre 6.000 et 8.000 collaborateurs, soit environ 10% des effectifs de l’opérateur en France.

Favorable à la mise en place d’un dispositif sur les fins de carrière, la CGT Fapt, un des trois syndicats représentatifs chez Orange, regrette que le TPS soit conditionné à la signature de l’accord GEPP. Elle critique sur son site internet un plan « orchestré pour déstructurer la maison mère et externaliser massivement les emplois vers les filiales ». Même scepticisme à la CFE-CFC qui y voit un plan social déguisé.

Les médecins du travail s’inquiètent aussi des effets déstabilisants d’un tel plan, pouvant reporter la charge sur ceux qui restent. Les syndicats exigent des recrutements pour compenser la baisse des effectifs. « Il y aura bien évidemment un volet recrutement dans la discussion de la GEPP », a déclaré Vincent Lecerf, le DRH d’Orange interrogé par l’AFP.

La question est d’autant plus sensible que les syndicats alertent depuis des semaines sur une hausse du nombre de suicides. Huit salariés ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année, autant que sur toute l’année 2024 et avec 3 suicides sur le seul mois d’octobre.

Une situation tragique qui rappelle le souvenir de la vague de suicides qui avait marqué France Telecom à la fin des années 2000. La Cour de cassation doit se prononcer en janvier prochain sur le sort des anciens dirigeants, poursuivis et déjà condamnés en appel pour harcèlement institutionnel caractérisé.