Odoo fait sa révolution tarifaire. Depuis le 12 octobre, l’intégralité de sa suite de logiciels business est accessible pour un prix unique par utilisateur. Il fallait auparavant verser son écot pour chaque application utilisée. Mais au-delà des avantages induits par l’adoption d’un tarif unique, c’est le prix retenu qui fait sensation : 19,9 € par utilisateur par mois pour tout le catalogue Odoo. Or, faut-il le rappeler, avec ses quelque 360 applications toutes intégrées entre elles, Odoo couvre un périmètre fonctionnel équivalent à celui des grands éditeurs d’ERP, comme Microsoft, Oracle ou SAP. Des concurrents dont les tarifs sont plutôt de l’ordre de 200 € par utilisateur par mois.

« On avait deux problèmes à résoudre, raconte Fabien Pinckaers, président-fondateur de la société (photo). Le produit était à la fois trop cher pour les très petites entreprises et pas assez pour les grandes ». Un indépendant pouvait payer presque 100 € par mois pour les 8 à 10 applications dont il a besoin pour gérer son activité et une entreprise de 5 personnes 160. À l’inverse, dans les entreprises de plus de 100 personnes, le panier moyen était plutôt de l’ordre de 18 € par utilisateur par mois.

La nouvelle tarification représente donc une baisse de prix pour une forte proportion de ses clients (pour la plupart ceux ayant moins de vingt salariés) et une hausse pour les autres. Les retombées ne se sont pas fait attendre : depuis la mise en œuvre du nouveau tarif, le nombre de nouveaux clients est passé de 1.000 à 4.000 en rythme mensuel, assure Fabien Pinckaers. De quoi conforter son image d’éditeur de solutions de planification de ressources abordable pour les petites entreprises.

De fait, s’il séduit aussi de grandes entreprises, Odoo est particulièrement bien implanté dans les organisations de 1 à 100 salariés. Une exception dans son secteur d’activité, ses concurrents étant quasiment absents de ce segment de marché. Son panier moyen tourne ainsi autour de 350 € par mois (en revenu récurrent). À noter que les outils Odoo sont non seulement peu onéreux mais ils sont surtout simples à utiliser et à déployer. Il est possible de démarrer en quelques clics. Et pour les entreprises qui souhaitent être accompagnées, il existe des packs tout compris très attractifs. Pour une entreprise d’une quarantaine de personnes qui renouvelle la totalité de son infrastructure, un pack service d’une soixantaine d’heures (soit l’équivalent de 5.600 €) suffit pour assurer l’analyse des besoins et de l’impact sur les données, l’implémention et le paramétrage des applications.

Un positionnement qui lui assure des volumes importants : créé en 2002, Odoo revendique 43.000 clients dans quelque 140 pays. Ses facturations devraient approcher les 300 M€ cette année (dont 82% de revenus récurrents), en croissance de plus de 70%. Surtout, l’entreprise affiche un cash-flow largement positif lui permettant d’autofinancer sa croissance.

L’essentiel des services d’accompagnement est assuré par un écosystème de plus 4.600 partenaires sous contrat (dont quelque 150 en France) et d’environ 20.000 indépendants représentant quelque 100.000 emplois. Originaire de Louvain en Belgique, où travaillent encore la moitié de ses 2.500 salariés, Odoo a installé des filiales aux USA, à Dubaï, en Inde, au Mexique et, depuis peu, au Kenya, au Luxembourg, en Espagne et en Italie.

Habitué à une croissance supérieure à 60% par an depuis plus de 15 ans, l’éditeur ne voit aucune raison que cela ralentisse, au moins à court terme. Ce qui implique de continuer à recruter au même rythme (soit actuellement 140 personnes par mois) pour continuer à innover et ainsi rester fidèle à son credo de départ de un produit de la meilleure qualité possible, le plus abordable possible. À noter, en 2023, l’un de ses axes de développement prioritaires sera le e-commerce et la construction de sites Web. L’objectif étant d’aller chatouiller la domination sans partage de WordPress en proposant là encore des outils à la fois innovants et simples d’utilisation.

Une dynamique de croissance hors norme qui alimente les convoitises : la société serait désormais valorisée 4 milliards d’euros. Soit dix fois plus que les 400 millions d’euros que sa valorisation avait atteint en 2019, alors que le fonds Summit Partners était entré au capital profitant de la sortie partielle de ses investisseurs historiques.